« Nous serons complètement sortis du vrac sec d’ici la fin du premier trimestre 2021 », assurait en octobre, Robert Bugbee, PDG de Scorpio, à l’occasion d’une conférence téléphonique avec les investisseurs. Scorpio Bulkers a sans doute été l’entreprise qui en 2020 a fait le plus parler dans le landerneau des opérateurs de vraquiers. Le groupe basé à Monaco, mais dont toutes les filiales sont cotées en bourse de New York, vend tambour battant depuis septembre 2020 les vraquiers qu’elle détient encore à 100 % ou qu’elle loue en crédit-bail (5 sont sous contrat d’affrètement dont le dernier expire en juillet).
Après avoir mis une décennie à se forger un nom et une réputation dans l’industrie mondiale du vrac sec, le groupe a entrepris un virage bâbord tribord pour se recentrer sur l’éolien offshore et les énergies marines renouvelables.
L’annonce avait été faite le 3 août 2020. Pour mieux marquer sa rupture stratégique avec son ancien monde, elle s’est dotée d’une nouvelle identité en se renommant Eneti.
Après des années de résultats très décevants et de faibles rendements, le spécialiste a opté pour une rupture radicale mais néanmoins jugée « absolument nécessaire », a justifié le président du groupe. Lorsqu’il a détaillé auprès des investisseurs son plan de sortie, Scorpio Bulkers avait encore enregistré un déficit de 206,4 M$ (premier semestre 2020).
Une fois les dettes soustraites, la vente de la flotte des 43 navires devrait générer environ 300 M$, selon les analystes du marché. Soit à peine le montant d’un seul navire d’installation d’éoliennes., celui que l’entreprise vient de commander et dont le coût est estimé entre 265 et 290 M$.
Le premier fleuron devrait être livré en 2023 et la commande comprend une option pour trois autres navires. L’objectif dans cette mutation est de composer à horizon 2025 une flotte de navires de services totalisant jusqu’à huit unités, jauge que Robert Bugbee estime optimale pour couvrir les risques opérationnels. Au-delà, il estime que la moindre vacance de location placerait la société en zone d’inconfort.
En 2020, l’ex-Scorpio Bulkers a fait état d’un déficit net de 672 M$, principalement imputable à des dépréciations d’actifs d’un montant total de 495 M$ en raison de navires qui ont été vendus avec les pertes qui en découlent ou qui sont en attente de vente. Le chiffre d’affaires tiré des TCE (time charter equivalent) de la flotte est passé de 220,3 à 153,7 M$ entre 2019 et 2020.
« C’est une décision très réfléchie de quitter l’espace du vrac sec pour embrasser un secteur qui, selon nous, connaîtra une croissance de 20 % d’ici la fin de la décennie », a encore rappelé le directeur général David Morant lors de l’International Shipping Forum en février dernier.
« Ce qui nous enthousiasme le plus, et ce que nous pouvons apporter, ce sont des capitaux institutionnels américains dans ce secteur. »