L’éolien, source de flux imports et exports à Nantes

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Le premier parc éolien français est entré en construction l’an dernier au large des côtes françaises, face à Saint-Nazaire. En collaboration avec des industriels, les entreprises du port de Nantes-Saint-Nazaire ont organisé une véritable filière qui a œuvré pour que le champ éolien du banc de Guérande le soit localement.

L’usine de fabrication de turbines de Montoir, terminal portuaire nantais, a été la première installation industrielle liée à l’éolien dans un port. Inaugurée en 2013 par Alstom, elle est entrée en activité en 2014 et a commencé ses exportations en 2015 d’abord au compte-gouttes avec quelques machines à destination des États-Unis et de la Chine, puis à plus forte cadence en 2018 avec 66 turbines de 6 MW à destination de l’Allemagne. Aujourd’hui dans le giron de General Electric (GE), elle doit fournir 80 turbines pour le parc éolien du banc de Guérande, tout proche de l’estuaire de la Loire. La moitié est déjà sortie de l’usine, l’autre est prévue dans le courant de l’année. Les génératrices produites par GE à Montoir-de-Bretagne sont source de flux maritimes à l’exportation mais nécessitent aussi pour leur fabrication des importations de pièces de fonderie en conventionnel, ou de composants en conteneurs, qui transitent par le terminal à conteneurs et marchandises diverses (terminal du Grand-Ouest), également situé à Montoir.

Plusieurs milliers de tonnes

À Saint-Nazaire, commune voisine, les Chantiers de l’Atlantique se sont également lancés dans l’éolien, avec une activité de fabrication de sous-stations électriques. Après avoir fourni la Belgique, les Chantiers prévoient de fabriquer trois de ces éléments hors gabarit pour trois des champs d’éoliennes installés par EDF: banc de Guérande en 2021, Courseulles-sur-Mer en 2022 et Fécamp en 2023.

Selon les commandes, le rythme de production pourrait ensuite se maintenir avec la fabrication d’une sous-station par an. « Cela génère peu de flux portuaires, mais le port a tout de même investi dans le renforcement des quais et l’élargissement des chaussées car il s’agit d’éléments de plusieurs dizaines de mètres de large et pesant plusieurs milliers de tonnes, dont la manutention en ro-ro est facilitée par la présence à Saint-Nazaire d’un bassin à flot, abrité de la houle et du vent », explique Ludovic Bocquier, responsable du secteur de l’énergie au Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire. Si ce dernier a investi, c’est aussi parce qu’il s’agit de flux à haute valeur ajoutée, liés à une activité industrielle de pointe, pourvoyeuse d’emplois. La fabrication de ces sous-stations génère par ailleurs des flux en import: des composants conteneurisés mais aussi des éléments sous-traités à l’international dont beaucoup arrivent par la mer puisqu’il s’agit parfois de colis industriels de grande taille comme des éléments métalliques préfabriqués ou des transformateurs.

18 M€ dans les équipements

Les Chantiers de l’Atlantique et GE seront mis à contribution pour le parc éolien de Guérande. Le premier pour une sous-station, le second pour les turbines génératrices. EDF a en effet pris l’engagement, lorsqu’il a remporté l’appel d’offres de ce champ, d’y favoriser le développement d’une filière éolienne locale. Les modules électriques des pieds de mât sont ainsi produits à Saint-Nazaire par la société Clemessy. « Les entreprises ont joué le jeu en investissant et en ayant recours à des sous-traitants locaux, le réseau Neopolia et son cluster éolien. Cette expérience pourra servir à l’export », souligne Ludovic Bocquier. Le responsable portuaire considère que les investissements consentis dans les équipements – 8 M€ pour l’achat de grues et 10 M€ pour le site d’assemblage des éoliennes notamment – créaient aussi l’occasion de remettre à niveau le site portuaire. « Le site d’assemblage ne servira pas uniquement pour le banc de Guérande mais pourra en outre être utilisé pour les futurs parcs d’Yeu et de Noirmoutier. »

Horizon avril 2022

Le site d’assemblage en question, d’une surface de 15 ha, est situé à Saint-Nazaire à proximité immédiate de la forme Joubert. Un quai sert à réceptionner les composants qui arrivent par voie maritime, un autre à charger les éoliennes une fois assemblées, sur le navire d’installation. La plateforme permet de stocker une quarantaine de machines complètes: mâts, pales et générateurs. Les 40 premières turbines, d’un poids de 400 t arriveront de l’usine GE de Montoir par brouettage à raison de six à sept machines par navire. Ces transports et le déchargement par navire bigué commenceront en avril 2021. Les deux nouvelles grues du port serviront à décharger pales et les mâts en provenance d’Espagne. Les six premiers mâts sont arrivés en janvier. Enfin, les e-stack – des modules électriques de 55 t fabriqués par Clemessy – n’auront que le bassin de Saint-Nazaire à traverser par barges. Les 115 km de câbles reliant les éoliennes à la sous-station électrique sont attendus d’ici le printemps et seront posés à l’été 2021, en même temps que les fondations installées à La Rochelle, faute d’espaces à Nantes. Après les tempêtes hivernales, c’est à partir d’avril 2022 que sont prévus le chargement sur le navire d’installation et la pose des éoliennes du banc de Guérande.

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