Le réseau maritime conteneurisé mondial a subi des évolutions notables cette dernière décennie. C’est ce que tend à montrer la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans une étude sur la connectivité maritime parue en août.
Au deuxième trimestre 2020, 939 ports à conteneurs dans le monde étaient desservis par au moins un service de ligne régulier. Si tous les ports disposaient dans les faits de services directs entre eux, il y aurait alors 440 391 liaisons directes de port à port [Le réseau est considéré comme symétrique]. « En réalité, il y en a réellement 12 748, soit 2,9 % du total théorique », modère la Cnuced. Car dans 97,1 % des cas, les conteneurs nécessitent un transbordement dans d’autres ports. Ainsi, il faut six transbordements pour toucher les ports les moins connectés, sept services et quatorze manutentions de conteneurs, précise l’organisme
Shanghai reste sans surprise le port le mieux connecté en 2020 avec 288 liaisons directes, devant Busan (274), Anvers (268) et Rotterdam (264). En Afrique, Tanger Med est le mieux pourvu (137 connexions directes) et Carthagène, avec 130 connexions directes, se distingue en Amérique du Sud.
Le Havre et Dunkerque, un choix de destinations
Le Havre se distingue au sein de cette représentation mondiale. Avec 157 liaisons directes recensées par la Cnuced, il se classe au 16e rang devant notamment Algésiras (17e), Valence (19e), Bremerhaven (22e) et même Barcelone (30e). Marseille-Fos pointe à la 44e position avec 105 liaisons directes.
L’étude met aussi en valeur l’offre de dessertes par transbordement. Rotterdam, par exemple, dispose de 42 656 choix de connexions. De ce point de vue, les grands ports européens sont mieux classés que leurs homologues asiatiques. Anvers (34 000 possibilités), Hambourg (26 000) et Gioia Tauro figurent parmi les dix premiers ports mondiaux. Le Havre affiche 9 000 destinations via transbordement et Dunkerque 7 000, ce qui les classe aux 20e et 26e rangs respectivement.
47,2 % par une seule compagnie
Quant au choix entre différents transporteurs, parmi les 12 748 liaisons directes de port à port qui ne nécessitent pas de transbordement en 2020, 6 017 d’entre elles (47,2 %) sont offertes par une seule compagnie, tandis que pour 2 751 liaisons (21,6 %), il y a concurrence entre au moins deux opérateurs. Et pour 31,2 %, trois transporteurs ou plus. Ningbo-Shanghai présente l’offre la plus fournie avec 52 services de compagnies différentes devant Port Klang – Singapour (41), Busan – Shanghai (38) et Shanghai – Qingdao (37).
En quatorze ans?
Entre 2006 et 2020, le nombre de ports à conteneurs a augmenté de 13 %, passant de 834 à 939. Mais le nombre de liaisons directes de port à port s’est considérablement réduit, passant de 3,7 % à 2,9 %, reflet d’une tendance à l’augmentation des liaisons qui font appel à du transbordement. Le nombre moyen de compagnies (2,7 en moyenne) fournissant des services par paire de ports est resté en revanche constant.
Enfin, relève la Cnuced, les centres de polarité se sont déplacés. Nansha, Ningbo et Shekou ont connu la plus forte amélioration des liens de port à port. À l’inverse, Tilbury et Felixstowe au Royaume-Uni et Puerto Cabello au Venezuela ont vu leur condition se dégrader.
En Europe du nord, la grande déception
En dépit d’une croissance de 7 %, Anvers stagne à la 13e place. Rotterdam en gagne une qui le fait néanmoins entrer parmi les dix premiers ports mondiaux. Durban, en perte de 6 %, perd 10 places (désormais à la 60e au niveau mondial). Le repli de 5 % du port anglais Felixstowe le rétrograde au 48e rang. Londres en revanche en gagne 5 (du 97 au 92e rang, avec 1,85 MEVP). Southampton se maintient, perdant un rang (– 2 %, 1,92 MEVP). Le port allemand Bremerhaven, en légère perte de vitesse en 2018 (– 1 %, 5,5 MEVP), dévisse en 2019 de 11 % (4,85 MEVP) et quitte le top 30 (34e rang).
En revanche, la faiblesse de son homologue Hambourg ne fut que passagère. Avec son trafic en repli de 1 % en 2018, à 8,7 MEVP, le premier port allemand avait justifié sa contre-performance par l’aménagement retardé de l’Elbe, qui doit permettre aux mégamax (23 000 EVP) de pouvoir emprunter le fleuve. En croissance en 2019 de 6 % (9,27 MEVP), Hambourg reprend ses droits sur le classement (18e rang mondial). Il a sans doute profité du rapatriement, de Bremerhaven à Hambourg, de quatre services de THE Alliance (Hapag-Lloyd, ONE et Yang Ming) vers les États-Unis, le Canada et le Mexique. Hamburg Port Authority (HPA) tablait sur 500 000 conteneurs de plus en 2019. Le Covid a du contrecarrer les plans du port hanséatique.