Rotterdam,des records en chute

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Rotterdam avait conclu l’exercice 2019 sur un troisième record consécutif de son trafic avec une progression symbolique de 0,1 %, passant de 468,98 à 469,40 Mt. Le ralentissement de l’économie mondiale au second semestre avait quelque peu freiné l’expansion du plus grand port européen.

Les vracs liquides (211,21 Mt) ont subi un quatrième recul depuis la fabuleuse année de 2015 (224,64 Mt). Les vracs secs (74,49 Mt) essuyaient un sixième repli d’affilée alors que leur point culminant remonte à 2008, avec 94,94 Mt. En 2019, ces baisses de régime ont cependant été compensées par les marchandises diverses. Le trafic roulier (24,25 Mt) a étrenné un nouveau record absolu et les diverses (6,54 Mt) ont retrouvé une trajectoire plus saine. Surtout, les conteneurs volaient de record en record avec 14,81 MEVP.

Un premier trimestre impacté par la pandémie

« Nous sommes dans une période très exceptionnelle avec des perturbations sévères de la production industrielle et des chaînes logistiques à l’échelle mondiale », expliquait, aux termes des trois premiers mois de cette année, le PDG du port, Allard Castelein. Précieuse entrée en matière pour justifier un trafic de 112,4 Mt, en recul de 9,3 % par rapport aux 123,87 Mt réalisés lors d’un premier trimestre 2019 qui avait été marqué par des volumes record dans les conteneurs, le GNL et les biocarburants.

En avril, la tempête du Covid-19 ne faisait encore que se lever et son impact restait difficile à évaluer. Mais déjà, certains des marqueurs du leader portuaire européen envoyaient des signaux. À 37,93 Mt, le conteneur ne subissait qu’une minime contraction de 0,3 % en glissement annuel. Mais cette apparente stabilité des volumes contrastait avec le sous-régime en nombre de boîtes manutentionnées (– 5,6 % à 2,09 millions) et en EVP (– 4,7 % à 3,55 millions). Les vracs secs et liquides, le trafic roulier et les diverses conventionnelles (– 3,2 %) n’ont pas non plus résisté à la lame de fond de la pandémie.

La tempête sur les marchés pétroliers explique en partie le résultat des vracs liquides (– 13,9 %). Quant aux vracs secs (– 7,3 %), les charbons ont manqué, le gaz étant devenu plus attractif pour la production d’électricité dans des pays comme l’Allemagne.

Le pire est à venir, avait prévenu à l’issue du premier trimestre Allard Castelein. L’attention focalisée sur les annonces d’annulations d’escales par les grandes alliances, le président du port n’hésitait pas à évoquer un recul possible « de 10 à 20 % » sur l’ensemble de l’année.

Le deuxième trimestre aura démenti cette crainte. À la fin juin, la contraction des volumes se limitait à 9,1 % (à 218,95 Mt) sur les six premiers mois. Le recul reste substantiel, mais finalement moins prononcé qu’à la fin mars. Le port n’aura pas versé dans l’abîme du coronavirus.

Un deuxième trimestre « moins défavorable »

Les vracs liquides (– 9,5 % à 99,79 Mt), pilier principal de l’activité portuaire, sont parvenus à rattraper une partie des pertes du premier trimestre, mais seulement parce que la hausse du GNL a compensé pour une petite part les faiblesses du brut et des produits pétroliers.

Le constat ne vaut pas pour les vracs secs (– 19,2 % à 30,78 Mt), qui subissent de plein fouet la moindre activité de l’industrie sidérurgique et la chute libre de la demande en charbon (– 34 %).

Les trafics rouliers (– 12,3 % à 10,82 Mt) et breakbulk (– 6,9 % à 2,86 Mt) restent déprimés.

Le conteneur comme moteur de la croissance

Quant au trafic conteneurisé, il est en repli de 3,3 % en tonnage (74,69 Mt), mais de 7,3 % en nombre de boîtes (4,13 millions) et de 7 % en EVP (7 MEVP). Des statistiques à mettre en regard de la réduction par les armements de 20 % de leurs services en mai et juin.

Si l’on compare ces résultats à ceux de 2008, la dernière année avant la précédente crise économique, on mesure le chemin parcouru par le premier port néerlandais. Sur ces onze années, Rotterdam affiche une progression de 48,33 Mt, tous trafics confondus. Elle est presque entièrement à mettre au crédit des conteneurs. Ils ont gagné 45,91 Mt (+ 42,9 %) et 4,03 MEVP (+ 37,3 %).

Rotterdam conforte ainsi sa position de premier port à conteneurs en Europe, même si Anvers, son grand concurrent, gagne chaque année un peu plus de terrain, alors que Hambourg est abonné au sur-place en attendant l’approfondissement de l’Elbe.

Prudence néerlandaise

Contrairement à son alter ego anversois Jacques Vandermeiren, Allard Castelein reste prudent sur la durée de la crise et ne se hasarde pas à faire des projections, soulignant que « l’incertitude perdure ». Les investissements n’en feront manifestement pas les frais. « Ils resteront à un haut niveau » en vue d’accélérer ceux qui relèvent de la transition énergétique, technologique et climatique.

Les résultats financiers du port restent d’ailleurs d’une solidité à toute épreuve. Le bénéfice diminue de près de 5 %, mais à 128,4 M€ sur un chiffre d’affaires en hausse de 0,7 % à 360,4 M€. La capacité d’autofinancement reste donc importante. Le mainport néerlandais a investi 136,4 M€ au premier semestre.

Trafic

2019

469,4 Mt (+ 0,1 %)

1er semestre

218,9 Mt (– 9,1 %)

Amsterdam en baisse de 12 %

Les ports d’Amsterdam – incluant IJmuiden, Beverwijk et Zaanstad – ont fait état d’une baisse de 10,7 % des volumes à l’issue du premier semestre 2020, pour atteindre 87,5 Mt.

Le seul port d’Amsterdam a accusé un repli de 12 %, passant de 45,2 Mt au premier semestre 2019 à 39,8 Mt cette année (– 12 %).

« Pour la première fois depuis des années, nous constatons une baisse de transbordement dans notre port, et elle est significative », a commenté Koen Overtoom, le président du port néerlandais à l’occasion de la présentation du bilan semestriel.

Les résultats du port situé le long du canal de la Mer du Nord sont principalement liés aux vracs liquides (– 5,1 %, 24,7 Mt) et secs (– 21,2 %) ainsi qu’aux conteneurs dont les volumes de transbordement ont également diminué de près d’un tiers (– 31,6 %). En cause, les perturbations sur le marché des carburants et du charbon qui ont privé Amsterdam de 43,6 % des expéditions réalisées l’an dernier (– 3,6 Mt). Même les céréales, qui se sont très bien tenues partout, ont manqué à hauteur de 15,4 % de leurs volumes.

« Il est difficile de dire à quoi ressemblera le second semestre. Le marché des carburants est trop volatil pour cela et l’impact du coronavirus est incertain. Nous prévoyons que, dans les conditions actuelles, le déficit en volume pour l’ensemble de l’année restera limité au niveau que nous avons connu au cours des six premiers mois », a ajouté Koen Overtoom.

Les croisières maritimes et fluviales ont également été fortement touchées par les restrictions de voyage et la suspension des activités du secteur. En janvier et février, le port a accueilli 18 navires de passagers, mais seulement trois en mars avant que les autorités ne décident de fermer le port à ces navires mi-mars pour des raisons de sécurité sanitaire puis de le rouvrir à nouveau à la mi-juin. Les visites de paquebots fluviaux augmentent prudemment. Mais Koen Overtoom ne prévoit pas de retour de navires de croisière maritime cette année.

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