L’an dernier, les ports italiens étaient parvenus, cahin-caha, à maintenir leurs volumes de conteneurs au même niveau que l’année précédente. Selon les données fournies par la Confédération générale italienne du transport et de la logistique (Confetra), les ports italiens ont traité plus ou moins 10,5 MEVP.
Gênes et Savone ont terminé l’année avec une hausse de 2 % par rapport à l’année précédente pour un volume de 2,7 MEVP, porté notamment par l’ouverture du nouveau terminal de Vado Ligure, même s’il était alors encore dans une phase de rodage. Sur les sites voisins de La Spezia et Carrare, le ralentissement était également perceptible l’an dernier sur les conteneurs, ces deux ports n’ayant pas dépassé la barre des 1,5 MEVP. En cause, les difficultés de La Spezia Container Terminal, où le transbordement dévisse.
Le scénario était différent à Livourne, l’un des treize ports qui travaillent étroitement avec la Chine. Avec un volume de trafic de près de 800 000 EVP en 2019, le port toscan avait notamment enregistré une croissance de son transbordement de 30 %. Les autorités portent un projet d’extension global pour monter en puissance sur le conteneur et le short sea.
Au sud du pays, Naples, qui prenait l’eau il y a encore trois ans, a sorti la tête l’an dernier. Grâce à MSC, il avait augmenté ses activités, au déchargement comme au chargement, d’environ 20 % pour un volume global de 700 000 EVP. La situation est nettement moins enthousiasmante à Salerne, en chute de 10 %. Des travaux de dragage doivent permettre d’accueillir des porte-conteneurs de 12 000 EVP.
À l’autre extrémité de la péninsule, Trieste a enregistré un trafic en perte de 5 %, à 62 Mt, mais a performé sur le conteneur (790 000 EVP), en augmentation de 9 %. L’activité ro-ro (– 24 % par rapport à 2018) explique en grande partie la chute du trafic global.
Inédit depuis 1995
Les données consolidées du premier semestre n’ont pas encore fait l’objet d’une présentation et de commentaires. D’après les dernières statistiques publiées par Gênes, en avril dernier, le port italien n’avait plus connu un trafic mensuel aussi faible depuis 1995. Seuls 3 Mt avaient transité par ses quais, soit une chute brutale de 35,5 % par rapport à avril 2019. Toutes les filières ont été terrassées par le virus. Dans la déconfiture généralisée, seuls les vracs solides du secteur industriel avec 46 000 t sont à la hausse, à + 65 %. Les marchandises diverses ont reculé de 25 % à 2,2 Mt. Dans cette catégorie, le conteneur a représenté 1,76 Mt, en chute de 18,7 %, soit 176 000 EVP (– 21,2 %) et le conventionnel a atteint 442 000 t (– 42 %).
Dans les vracs liquides, point de salut. À 513 000 t, les hydrocarbures dévissent de 62,5 %. Les autres vracs liquides ont marqué un recul de 27,7 %, à 51 000 t, dont 34 000 t pour les produits chimiques (– 12,9 %). Les vracs solides ont achevé le mois sur un total de 126 000 t, en baisse de 27 %, et les volumes générés par le secteur industriel ne sont pas parvenus à compenser. À 69 Mt, le soutage a reculé de 15,9 %. Quant au trafic passagers, ferry et croisières paient inévitablement cher la mise à l’arrêt avec un plongeon respectivement de 96 % (4 000 voyageurs) et 99 % (1 000 personnes environ).
Une aide d’État de 9 M€ pour Gênes
La Commission européenne a approuvé en avril une aide d’État italienne de 9 M€ visant à favoriser le report modal de la route vers le rail à Gênes. Les infrastructures routières et ferroviaires en provenance et à destination du port avaient été lourdement endommagées par l’effondrement du pont Morandi en août 2018. L’aide prend la forme d’une subvention aux entreprises de logistique et aux opérateurs de transport multimodal. Un accompagnement financier sera également octroyé, sous forme de subventions au concessionnaire des services ferroviaires afin de compenser les surcoûts générés par la situation.
Quant au pont Morandi, artère de circulation vitale au Nord de l’Italie, desservant le port tout en irriguant l’autoroute européenne E80, le nouvel ouvrage a été reconstruit en des temps records, certains des travaux les plus difficiles ont même été réalisés dans le contexte du Covid-19. La dernière travée du viaduc surplombant la cité portuaire a été posée le 28 avril. Le 4 août, la circulation a repris ses droits.
Problème de compétitivité selon Hapag-Lloyd
Lors d’un webinaire organisé en avril par le Propeller Club Port de Gênes et mentionné par des médias italiens, Hapag Lloyd, premier client du port de Gênes et deuxième au niveau national derrière MSC pour les volumes de conteneurs embarqués et débarqués, a insisté sur la nécessité de planifier des infrastructures ferroviaires, sans quoi « les escales ont peu de chance d’être compétitives », a lancé Paolo Pessina, représentant Hapag-Lloyd en Italie.
Le transporteur maritime allemand pourrait-il y prévoir des escales pour les plus grands de ses porte-conteneurs? « Cela dépendra des conditions que les ports sauront offrir. La concurrence entre les terminaux se jouera sur la productivité car le positionnement de navires de cette taille pendant plusieurs jours dans un port a un coût très élevé », a-t-il répondu.