Il y avait les « Big Four », expression couramment admise pour désigner les maîtres du jeu européen, tous au Nord, à savoir Rotterdam, Anvers, Hambourg et Bremerhaven. Faudra-t-il dorénavant évoquer les « Big Six » pour tenir compte d’un déplacement des polarités, au Sud, avec la montée en puissance croissante de trois ports méditerranéens, dont deux espagnols – Valence et Algésiras – et un grec, Le Pirée, mis sous amphétamines par le géant chinois du conteneur?
4 + 3 = 7, s’égosilleront les lecteurs les plus vigilants. En réalité, l’ajustement des forces Nord/Sud se fait au détriment des ports allemands, un peu Hambourg, mais surtout Bremerhaven, où les pertes de volumes ont offert la 4e place à un port de l’Europe du Sud.
Pour la première fois en 2019, le trafic conteneurs de Bremerhaven, qui était de 5,48 MEVP en 2018, est passé en deçà des 5 MEVP en 2019, à 4,85 MEVP (– 11 %). Ce faisant, avec 5,45 MEVP (en croissance de 5 %), Valence a dépassé le port allemand. Tout comme Le Pirée. Le prt grec, qui était déjà à 4,908 MEVP en 2018, avait annoncé en fanfare en novembre 2019 avoir traité son cinq millionième conteneur et a terminé 2019 à 5,64 MEVP (+ 15 %). Avec une croissance de 7 %, Algésiras s’est fixé à 5,1 MEVP. Il restera à déterminer l’ordre de préférence méditerranéen.
Entre 2010 et 2019, Valence est passé de 4,2 à 5,45 MEVP et Algésiras de 2,8 à 5,1 MEVP. Mais la plus spectaculaire reste l’ascension du Pirée: de 0,85 à 5,64 MEVP. À moins que Hambourg, qui s’est ragaillardi ces derniers mois, reprenne de l’ascendant. Mais quoi qu’il en soit, Bremerhaven paraît largement distancé.