L’an dernier, les ports anglais ont légèrement augmenté, de 1 %, leur tonnage consolidé par rapport à 2018 pour s’établir à 486,1 Mt, selon les chiffres définitifs publiés par le ministère britannique des Transports en août. Les importations ont atteint 255,8 Mt et les exportations, 127,4 Mt, dont 41 % des marchandises (196,9 Mt) ont transité entre le Royaume-Uni et les pays nord-européens. Le trafic de conteneurs a légèrement augmenté pour atteindre les 6 MEVP. Les cargaisons en vrac ont renoué avec la croissance – une première en huit ans –, tirée par les importations de GNL, de pétrole brut et de biocarburants. Le trafic roulier a toutefois diminué de 4 %, à 17,2 Mt.
Les premières données publiées pour 2020 dressent un tableau tout autre. Les statistiques provisoires du premier trimestre indiquent une contraction des importations de 6,9 % et des exportations de 1,3 % comparé à la meilleure période de l’an dernier. Le trafic total ressort en baisse de 6 % pour atteindre 113 Mt.
Au deuxième trimestre, avec l’intensification de la pandémie, la situation des imports et exports s’est encore détériorée, s’inscrivant en baisse respectivement de 21 % et 13 %. Les trafics des principaux ports ont dévissé de 18 % sur un an, pour atteindre 96,1 Mt. In fine, le trafic du premier semestre 2020 (209,1 Mt) accuse un repli de 11,3 % par rapport à l’année précédente.
La perspective d’une sortie brutale de l’Union européenne le 31 décembre prochain, échéance fixée par l’accord de retrait, fait craindre aux ports britanniques de nouveaux remous. Depuis juin 2016, ils se préparent à cette éventualité. En particulier, le trafic roulier pourrait faire les frais de procédures douanières lourdes, incitant les chargeurs à se reporter sur des itinéraires maritimes alternatifs pour leurs camions, voire à revoir l’organisation de la supply chain en envoyant leur fret par remorques non accompagnées ou conteneurs.
Scénario repoussoir
Les ports ont redoublé d’efforts financiers ces dernières années pour défendre leur pré carré. Ainsi Douvres a-t-il ouvert un nouveau terminal de fret dans le cadre du réaménagement de son Western Dock dans lequel il a investi 250 M£ (270 M€) pour le dédier exclusivement aux opérations de ferry ro-ro et ro-pax. Reconfigurée, l’installation dispose d’aires de stationnement plus grandes pour les camions et les voitures de façon à assurer la fluidité des flux.
Déballage d’investissements
Entre-temps, les concurrents du port du sud-est ne sont pas restés inactifs. L’opérateur portuaire écossais Forth Ports a lancé en début d’année les travaux à Tilbury (Londres) pour aménager un second terminal polyvalent dans lequel il a engagé quelque 200 M£ (216 M€). La nouvelle infrastructure ro-ro pour le fret non accompagné a été mise en service en mai dernier.
Felixstowe a également agrandi ses infrastructures pour le fret roulant, en allongeant notamment le poste à quai n °3 et en équipant le poste n °4 d’une rampe qui lui permet de traiter les plus grands rouliers. Le premier port à conteneurs du Royaume-Uni cherche ainsi à capter les flux ro-ro une fois le Brexit enclenché.
Sur la côte ouest du pays, le propriétaire du port de Liverpool, Peel Ports, parie sur les nouvelles dispositions commerciales après le retrait pour accroître son commerce transatlantique et ainsi attirer les navires océaniques. À la fin de l’année dernière, il a entamé la phase 2 de son nouveau terminal à conteneurs Liverpool2, d’un coût de 400 M£ (453 M€).
Dans le sud-ouest de l’Irlande, Cork s’est attelé à la construction d’un nouveau terminal à conteneurs de 360 m de long en lieu et place des installations de ferry existantes en vue d’accrocher des liaisons directes avec l’Amérique du Nord et l’Europe continentale. Les travaux ont commencé en mai 2018 et, bien que le projet ait connu des retards, il devrait être inauguré au plus tard cette année ou au début de 2021.
Trafic
2019
486,1 Mt (+ 1 %)
1er semestre
209,1 Mt (– 11,3 %)