Selon lui, les armateurs conservent leur confiance dans le port. « Il a tenu le choc pendant six mois sans ruptures. Tous les métiers portuaires ont assuré le service », pose d’emblée le directeur général d’Haropa Port du Havre, Baptiste Maurand, qui reste cependant confiant. « Les armateurs se projettent déjà et les services reprennent progressivement. D’un point de vue commercial et contractuel, nous avons eu les bons gestes pour rester ancrés dans la compétition sur le Range Nord. » Sur les six premiers mois de l’année, le port normand n’a pas pu enrayer la chute de l’ensemble de ses trafics. Premier port à conteneurs français, il subit le revers de la médaille des annulations d’escale et de la suspension de certains services qui ont caractérisé le segment ces derniers mois: à elle seule, l’activité conteneurs chute de 27 % à 1,1 MEVP (10 Mt). Un point auquel s’arrimer: le port n’a pas été impacté par des transferts de services.
Inévitablement, au vu de déroute des marchés pétroliers, les vracs liquides encaissent une baisse de 27 % à 14 Mt. « Ce trafic est dépendant de la demande en essence à la pompe et en kérosène pour le transport aérien. » Le responsable concède qu’une baisse avait déjà été amorcée en 2019, conséquence de la rupture en février du Plif – le pipeline reliant la Normandie à l’Île de France – qui a entravé l’acheminement des flux de pétrole brut vers la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne. « Les vracs liquides restent le premier volume du Havre, le trafic s’en ressent donc », fait observer Baptiste Maurand. Les grèves en fin d’année dernière et les travaux sur la raffinerie Total ont amplifié le recul. Avec une baisse de 7 %, l’objectif pour les vracs liquides n’a donc pas été atteint en 2019. « Mais depuis dix ans, le port se prépare à une baisse inexorable des pétroles bruts et des produits raffinés. »
Vracs solides en hausse
Secouée par la conjoncture de l’industrie automobile, l’activité ro-ro a également reculé de 34 % entre janvier et juin. D’avril à mai, la perte des flux de véhicules détonne avec 42 123 véhicules en moins. En juin, la baisse était déjà plus modérée que les deux mois précédents (– 11 108 véhicules). « Le redémarrage des ventes se confirme et nous espérons qu’il va s’amplifier. Les investissements destinés à l’optimisation et l’agrandissement du terminal sont maintenus. J’ai lancé une réflexion sur son adaptation aux enjeux de demain et à la prise en charge des véhicules électriques notamment », assure la direction.
À mi-parcours de l’année, les vracs solides atteignaient les 650 000 t (+ 7 %) avec une belle progression des granulats (+ 6 %, 5 000 t) et du ciment clinker (+ 46 % à 41 000 t), effet Grand Paris. Une performance dans ce segment en comparaison des autres ports français. « Après deux mois d’arrêt, les travaux ont repris », souligne Baptiste Maurand. « C’est annonciateur de trafics en croissance dans les années à venir. Quant aux granulats marins, ils sont de plus en plus utilisés dans le secteur de la construction. Ces trafics engendrent une dynamique pour le transport fluvial. » Le dirigeant réaffirme le souhait de diversifier les trafics du Havre sur les vracs solides, d’autant que le charbon, énergie fossile par excellence, est voué à être remplacé. Le port a choisi de concentrer les futurs trafics sur le terminal multivrac qui n’était plus utilisé. Il a lancé un appel d’offres à cet effet en ciblant notamment le trafic céréalier.
En l’occurrence, les céréales ont performé avec une progression de 40 %: 9,87 Mt ont été exportés sur l’ensemble de la campagne (à fin juin), soit une progression de près de 10 % par rapport à la campagne record de 2015/2016 et de plus de 30 % par rapport à l’an dernier.
Pour le trafic passagers, la chute est vertigineuse avec – 97 %. Elle s’explique par l’annulation des escales de paquebots sur le port du Havre et la suspension, jusqu’au 12 juillet, de l’activité transmanche par la Brittany Ferries.
Haropa
2019: 90 Mt (– 5 %)
1er semestre 2020
37,5 Mt (– 19 %)
Le Havre
2019: 67 Mt (– 7,3 %)
1er semestre 2020
25 Mt (– 28 %)
