« Le secteur portuaire souffre d’une mauvaise image, jugé peu attractif, alors que, par exemple, les applications liées au smart port offrent de nombreuses opportunités d’emplois », affirme Francesc Bonada, responsable de développement au sein de l’Autorité portuaire de Barcelone (APB). Mais le déficit d’attractivité n’est apparemment pas la seule problématique. Vient s’y greffer une méconnaissance des besoins réels des quelque 500 entreprises qui travaillent dans le port de Barcelone et emploient 41 000 personnes.
Pour y remédier, plusieurs actions ont été entreprises. La première a consisté à établir une cartographie des besoins. L’APB a confié cette mission à la Fondation Barcelone Formation Professionnelle, une entité créée à l’initiative de la municipalité de Barcelone. Une des originalités de l’étude est son postulat de base: elle a balayé quatre secteurs (manutention, logistique, transport et nautisme) pour tenir compte de l’hétérogénéité des métiers portuaires. Le document a ainsi pointé 19 profils professionnels figurant parmi les « très demandés » et a spécifié ceux pour lesquels le recrutement était particulièrement difficile. Par exemple, dans la manutention, la demande porte principalement sur le personnel en lien avec le « help desk », la planification de charges et les ingénieurs chimistes. Dans la logistique, la demande porte davantage sur les ressources humaines. Les postes pour lesquels les entreprises peinent à recruter sont les opérateurs de trafics et de logistique et les spécialistes en mécanique. L’étude inclut également une série de recommandations, promouvant notamment la formation en alternance.
Jeu collectif
En parallèle, Barcelona Activa, une autre entité municipale, a réactualisé son catalogue des profils de l’économie bleue. « Ces deux initiatives, rendues publiques en juin 2018, sont complémentaires et visent à rapprocher l’offre et la demande d’emploi dans le secteur maritime et portuaire dans le but d’adapter les programmes de formation existants à la demande réelle des entreprises portuaires » explique Francesc Bonada.
Conformément à l’une des recommandations, un groupe de travail a été créé au sein du Conseil recteur de la communauté portuaire de Barcelone, qui rassemble les entités et associations professionnelles impliquées dans l’activité portuaire. La première ligne d’action concerne la promotion des métiers portuaires, notamment par la participation à des salons et événements spécialisés. L’élaboration de programmes de formation est l’autre grand volet de l’activité du groupe de travail. Pour cela, le port s’appuie sur l’École européenne Intermodal Transport, une initiative conjointe des ports de Barcelone, de Gênes et de Civitavecchia et de deux compagnies maritimes, Grimaldi et GNV.
Les enjeux sont importants. Avec l’émergence des nouvelles technologies, de nouveaux métiers apparaissent. La pénurie de main-d’œuvre représente un risque dans un contexte d’intensification de la concurrence. Par ailleurs, les profils demandés correspondent à des emplois qualifiés et bien rémunérés. Une aubaine dans un pays qui connait un taux de chômage des jeunes de 30,5 %, un des plus élevés de la zone OCDE.
« Forme-toi au port »
Lancé en 2014, le programme « Forma’t al Port » de l’École Européenne Intermodal Transport permet à des élèves en transport, logistique et commerce international d’effectuer une partie de leur formation dans l’enceinte portuaire. Le programme comprend deux modules, de 2 et 4 jours, à bord d’un ro-pax de GNV qui circule entre Barcelone et Gênes. L’École s’appuie sur ses professeurs et aussi sur les professionnels (manutention, consignataires, commissionnaires en douane, etc.). 669 participants ont suivi le programme en 2019 contre 434 en 2018 et 325 en 2017. La parité de genre est largement respectée puisque les filles ont représenté 54 % de l’effectif l’an dernier alors que le milieu portuaire espagnol est encore très masculin.