Le coût élevé du virus pour le conteneur

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La route maritime Asie-Europe du Nord étant l’une des plus fréquentées, les transporteurs accusent le coup et n’ont pas tardé à annuler départs et escales. D’après le dernier relevé effectué par le consultant Alphaliner, 33 départs sur cette ligne régulière identifiée comme étant la plus lucrative ont été annulés au cours des quatre dernières semaines, soit près de la moitié de ce qui avait été programmé. Les escales dans ou via les principaux ports chinois ont diminué de 20 % depuis le 20 janvier. Au total, les réductions de capacités sur huit semaines depuis le 25 janvier, date du début du Nouvel An chinois, devraient atteindre environ 700 000 EVP. Si la période de fêtes en Chine (de sept jours) est traditionnellement une morne saison pendant laquelle les transporteurs réduisent la voilure, les baisses de capacité n’étaient que de 340 000 EVP en 2019 et de 210 000 EVP en 2018.

Les autres trades sont également en repli. Quelque 290 000 EVP ont été retirés sur la ligne Asie-Méditerranée et 680 000 EVP sur le transpacifique. La prolongation, pour contenir la propagation, de la période de congés a exacerbé le phénomène. Bien qu’ajustée, l’offre reste largement supérieure à la demande. Pour exemple, le MSC Oscar de 19 224 EVP n’était rempli qu’à 80 % mi-février lorsqu’il a entamé sa traversée transpacifique sur une boucle dont le tonnage se situe entre 11 000 et 13 500 EVP. Dans une note datant de début février, Alphaliner estimait que l’épidémie causerait un manque à gagner de 6 MEVP au cours du premier trimestre 2020 dans les ports chinois, y compris à Hong Kong.

Pénurie de capacité

La société d’information économique Sea-Intelligence a calculé pour sa part que le virus coûtait aux compagnies maritimes jusqu’à 350 M$ chaque semaine sur la base d’un tarif moyen d’environ 1 000 $ par EVP. L’analyste appuie son estimation sur la suppression « en très peu de temps » de 31 départs (de plus que ce qui était déjà prévu pour ajuster à l’activité traditionnellement basse à cette période) sur les routes transpacifique et Asie-Europe. Sur la première, quelque 21 traversées ont été annulées, soit une capacité de 198 500 EVP, qui s’ajoutent aux 61 annulations prévues pour coller à la faible demande. Sur la seconde, où de plus grands navires sont déployés, les dix annulations ont extrait du marché une capacité de 151 000 EVP. Les compagnies avaient déjà prévu, avant même que l’épidémie n’éclate, 51 « blank sailing » entre Asie et Europe du Nord via la Méditerranée. Soit au total de 300 000 à 350 000 EVP par semaine.

Comme la plupart des observateurs du marché, Sea-Intelligence, qui parie sur une normalisation rapide de la situation en Chine, anticipe une pénurie d’offre et de fait une augmentation des prix du transport: « L’annulation massive et rapide de traversées risque fort de provoquer des pénuries de capacité dans les 3 à 6 semaines à venir. Les chargeurs devraient donc préparer dès maintenant des plans d’ajustement et s’attendre à des à-coups de prix importants », prévient-il.

Certains transporteurs ont d’ailleurs rapidement notifié à leur clientèle la mise en œuvre de surcharges. Le transporteur maritime allemand Hapag-Lloyd fut le premier à appliquer une surtaxe de 325 $ par EVP de l’Europe du Nord vers l’Asie. Depuis, l’idée a germé. « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’impact massif sur les taux de fret au comptant qui déterminent les bénéfices des compagnies, du moins au-delà des tendances saisonnières normales », rassurait fin février MSI.

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