Le paquebot Braemar, de la compagnie Fred Olsen Cruise Lines, a vu son escale refusée par la République Dominicaine fin février. À son bord, huit passagers se plaignaient de fièvre, de toux ou de difficultés respiratoires. Les 1 128 passagers et les 384 membres d’équipage n’ont pas pu débarquer. Les huit passagers avaient simplement attrapé froid…
L’incident est l’illustration de la façon désordonnée dont les ports d’Amérique latine gèrent l’épidémie. Au Mexique, pays le plus inquiet du fait du volume de ses échanges avec la Chine, c’est seulement à la toute fin de février que les secrétariats de la Santé et de la Marine ont annoncé les premières mesures, avec un « protocole extraordinaire d’inspection sanitaire » qui ne porte finalement que sur trois ports de la façade pacifique, Manzanillo, Lázaro Cárdenas et Ensenada, ceux desservis par des routes partant de Chine.
Pour l’instant, un cas de Covid-19 a été détecté au Brésil et un autre en Équateur. Mais dans plusieurs pays – Colombie, Mexique, Argentine – des personnes en provenance d’Italie ont été placées sous surveillance.
Fermetures d’usines
Plus inquiétante est la flambée des taux de fret depuis la Chine. Au Mexique, ils sont allègrement passés de 1 800 à 5 000 $ pour un conteneur de 40 t. Le manque d’informations alimente les inquiétudes. Dans les usines qui réceptionnent les conteneurs, les ouvriers refusent de les ouvrir par crainte d’être contaminés. Les industriels des secteurs électronique, automobile (notamment Nissan) et textile sont d’ores et déjà confrontés à une problématique d’approvisionnement si bien que des fermetures d’usines sont envisagées. Les experts prévoient des répercussions au moins jusqu’en avril et mai. La Bolivie, dont la Chine est le premier fournisseur, voit les premiers arrêts de ses chantiers de construction, faute de matériaux, aluminium et verre notamment, s’inquiète pour les produits phytosanitaires nécessaires aux prochains semis et peine à exporter la viande, objet de contrats signés récemment avec la Chine qui, confrontée à une épidémie de peste porcine, a largement eu recours à l’importation.