À l’occasion de sa conférence de presse annuelle fin février à Hambourg, la Fédération des armateurs allemands (Verband Deutscher Reeder) a présenté l’état de sa flotte, qui recule chaque année un peu plus
La flotte de commerce sous contrôle allemand a encore un peu perdu de son influence mais reste au 5e rang mondial. Son lent recul se poursuit, n’a pas caché Alfred Hartmann, le président de la Fédération des armateurs allemands (Verband Deutscher Reeder, VDR). Fin 2019, l’Allemagne comptait ainsi 2 140
Selon Alfred Hartmann, la plupart des armateurs allemands regardent l’avenir avec « un optimisme mesuré ». Les fortes turbulences qui ont notamment affecté les grands établissements bancaires après la crise de 2009 – jadis parmi les premiers bailleurs de fonds mondiaux du secteur – se sont résorbées. Les perspectives à moyen et long terme sont plutôt positives. « Il faut cependant reconnaître que les perspectives de chiffres d’affaire restent volatiles et varient fortement selon la branche d’activité, la zone géographique et l’actualité quotidienne », a précisé le président du conseil de surveillance du groupe Hartmann, en rappelant que 80 % des armateurs allemands possédaient moins de dix navires.
Inquiétudes diffuses
À plus longue échéance, le président du VDR rappelle que le verdissement de la flotte reste le grand défi du secteur « Le volume du commerce maritime a augmenté de plus d’un tiers ces dix dernières années. Dans le même temps, les émissions de CO2 du secteur ont reculé de 18 %. Ce qui signifie que le secteur fait déjà beaucoup pour atteindre les objectifs de l’OMI sur le réchauffement climatique », s’est-il félicité en rappelant que, pour aller plus loin, il faudrait que les technologies soient prêtes industriellement. Tout n’est pas encore défini, signifie-t-il, faisant référence à divers points dont les États membres doivent encore débattre à l’OMI et notamment les moyens pour atteindre les objectifs assignés par l’organisation afin de réduire l’empreinte carbone des navires. Pour rappel, l’Allemagne porte une soumission avec la France et le Danemark sur ces questions.
Naturellement, le coronavirus n’est pas sans inquiéter les armateurs allemands même si, début mars, aucun cas de contamination n’était à déplorer parmi les équipages des navires allemands. La VDR reconnaît qu’il est encore difficile d’évaluer les conséquences sur le transport maritime d’autant que les vacances du Nouvel An chinois, qui correspond d’ordinaire à une morne saison, brouillent la vision quant à la réalité de la baisse d’activité. Il note d’ailleurs une extrême réserve : aucun grand armateur ni port allemand ne s’est exprimé publiquement sur la question, ne sachant pas comment les mesures radicales prises par Pékin pour contrer la propagation allaient affecter les volumes de transport et la régularité de leurs services.
Néanmoins, les taux d’affrètement des vraquiers ont déjà baissé « d’au moins 30 % à 40 % », suite notamment à l’effondrement de la demande de matières premières par l’industrie chinoise. Alfred Hartmann a également évoqué la moindre main d’œuvre présente dans les grands ports chinois du sud, qui conduit à un net ralentissement des temps de déchargement. Le problème se répercute également sur les conteneurs frigorifiés. L’Allemagne est le premier partenaire européen de la Chine.
Thomas Schnee
* Les pavillons dominants sont ceux du Nigéria et d’Antigua et Barbuda.