Rail Freight Forward: premiers pas vers une Europe du fret ferroviaire

Une quinzaine d’opérateurs européens, dont SNCF Logistics, DB Cargo, CFF Cargo et Mercitalia, se sont regroupés au sein de Rail Freight Forward*. Et ils ont présenté un livre blanc intitulé « 30 by 2030 » l’été dernier. Les « 30 » ( %) du titre représentent la part modale que ces opérateurs souhaitent atteindre d’ici à 2030 en multipliant par deux les volumes de marchandises transportés. Ce qui se traduirait par 300 Mt de CO₂ en moins, estimation du coût environnemental du transport routier de marchandises. Pour y parvenir, des actions doivent être prises à la fois par les décideurs politiques, les entreprises ferroviaires et les gestionnaires d’infrastructures. Ces derniers devront ainsi fournir et gérer des infrastructures interopérables qui soient aussi faciles d’accès que les routes européennes. Comme le fait remarquer Jean-Claude Brunier, patron de l’opérateur de transport combiné T3M, « les trains traversent moins bien les frontières que les camions ». L’expérience de Rastatt en Allemagne à l’été 2017 – le fret avait cessé de circuler faute de systèmes harmonisés – a marqué les esprits. Les décideurs politiques et les autorités de régulation devront de leur côté veiller à proposer un cadre réglementaire stable et équitable. Ils devront également encourager le maintien où le développement des infrastructures d’accès aux sites industriels (embranchements aux centres logistiques, ports).

6,2 Md€ pour la rénovation ferroviaire

L’Allemagne va, dès maintenant, beaucoup plus loin en prévoyant d’investir 86 Md€ sur dix ans pour moderniser son réseau. Cet effort, le plus important jamais réalisé à ce jour dans ce pays, pourrait permettre au fret ferroviaire de développer son trafic déjà important de 70 % d’ici à 2030. De son côté, la France consacrera 6,2 Md€ à la rénovation de son réseau cette année. Mais les projets d’investissements structurants liés directement au fret tardent à se mettre en place. Ainsi en est-il du contournement fret de l’agglomération lyonnaise qui n’a guère avancé ces dernières années malgré une saturation progressive des infrastructures actuelles. Quant à la création de nouveaux itinéraires de détournement comme celui de Serqueux-Gisors, ils provoquent des levées de boucliers de la part des riverains. Rail Freight Forward constitue peut-être l’amorce de la mise en place d’un lobby européen du fret ferroviaire. Mais il ne saurait être dirigé contre les intérêts de la route, ces deux modes de transport étant plus que jamais complémentaires.