Pour le transporteur, l’emploi de remorques P400 constitue la condition sine qua non pour opérer dans le multimodal. Et le matériel demeure un des principaux freins à la multiplication des autoroutes ferroviaires. En l’occurrence, les wagons T3000 permettent, par manutention verticale, d’embarquer des remorques P400 qui constituent la norme européenne. « J’aurais refusé une solution basée sur des caisses mobiles si on me l’avait proposée, car il faut gérer à la fois la caisse, le châssis et le tracteur, détaille Renaud Paulat, un des dirigeants d’Alainé. En cas de mouvements sociaux par exemple, il me suffit de trouver des tracteurs pour assurer le flux par la route, et ce, de manière indolore pour le client » En dépit de sa facilité d’utilisation, ce matériel n’autorise pas toutes les relations. Si les grands axes Nord-Sud sont praticables, ce n’est pas le cas des transversales: Alainé avait ainsi envisagé de relier Mâcon à Hendaye (Pays Basque) par le rail, mais a dû y renoncer car les tunnels ferroviaires n’étaient pas adaptés au gabarit P400, qui exige une hauteur de 4 m. Reste à convaincre les chargeurs de basculer vers le multimodal. « Ils peuvent être séduits par l’aspect novateur du P400, précise Renaud Paulat, mais ils apprécient surtout la régularité, le faible impact environnemental ou encore la possibilité de rouler à 44 t pour ceux qui ont des marchandises pondéreuses. Pour le transporteur, l’impact financier peut être déterminant dans la perspective d’une augmentation prévisible du coût du CO2. « Mais le multimodal, actuellement, reste plus cher. Vis-à-vis du chargeur qui compare le prix de nos prestations à celui du transport routier, nous devons faire preuve de conviction pour qu’il teste la multimodalité. »