Alainé, actif sur les conteneurs fluviaux et les autoroutes ferroviaires

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L’un des plus grands obstacles au développement des modes terrestres massifiés reste la méconnaissance des chargeurs, pour lesquels la route représente la facilité et la souplesse observe Valérie Cornet, déléguée aux transports terrestres de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). « La plupart des entreprises, surtout celles pour lesquelles les coûts de transport ne représentent qu’une faible part du chiffre d’affaires, ne mettent pas le focus sur la logistique. Concentrés sur leur activité principale, les chargeurs choisissent la route par défaut, faute de compétences en interne. C’est pourquoi les commissionnaires ou les transporteurs doivent apporter leur expertise sur les modes fluviaux et ferroviaires. »

C’est le parti pris par le groupe Alainé, transporteur routier implanté à Mâcon, à proximité des voies ferrées et du port fluvial sur la Saône, qui propose depuis plusieurs années à ses clients une offre multimodale. Avec un certain succès. L’entreprise est devenue un des plus gros pourvoyeurs de trafic fluvial conteneurisé sur l’axe Rhône-Saône, en utilisant les barges Greenmodal qui relient deux fois par semaine Mâcon aux terminaux Eurofos et Seayard de Marseille-Fos.

Danone et Eurosérum

Ces flux conteneurisés ont pour principale origine deux industriels de l’agroalimentaire, qui ont d’ailleurs été en 2018 les premiers chargeurs sur la Saône labellisés par le réseau Medlink Ports pour l’utilisation du fluvial: Danone, avec un flux d’eau minérale de l’ordre 5 000 EVP à destination de Fos, exporté ensuite vers le Moyen-Orient ou l’Extrême-Orient. Et Euroserum, le fabricant de lactosérum basé à Port-sur-Saône (Haute-Saône), avec 4 000 EVP de lait en poudre expédié vers les mêmes destinations et l’Afrique.

« Nous avons la chance d’être situés à Mâcon, proche de la Saône, avec une infrastructure fluviale, ferroviaire et routière exceptionnelle jusqu’à Marseille-Fos mais en dehors de l’engorgement routier de Lyon, constate Renaud Paulat, vice-président du groupe Alainé. Ce qui a décidé ces chargeurs de l’agroalimentaire, c’est un concept multimodal complet. La marchandise arrive par train dans notre entrepôt et repart par barge, sans utiliser un seul camion. En cas de crue ou d’interruption du mode fluvial, nous pouvons avoir recours au ferroviaire jusqu’à Fos. »

1 000 remorques par mois

Le train est aussi un axe fort de développement pour l’entreprise mâconnaise, qui y voit deux avantages: « Pour tous les flux récurrents avec de forts volumes, le train présente un double intérêt, à la fois sociétal, car il permet de limiter les émissions polluantes, mais aussi économique, car le préacheminement routier peut se faire en 44 t, explique le directeur général, qui considère que la France est en retard dans ce domaine et reste globalement peu ouverte au multimodal. « La SNCF, avant l’ouverture du fret à la concurrence, s’est longtemps refusée au multimodal pour ne pas concurrencer sa propre filiale routière Geodis. Nos voisins européens, eux, ont été plus ambitieux. Résultat: la part modale pour le train est de 9 % en France quand elle est de 18 % au niveau européen », déplore-t-il.

Les choses ont cependant évolué et c’est précisément avec la filiale de SNCF Logistics spécialisée dans les autoroutes ferroviaires, Viia, que le groupe développe ses activités de ferroutage. Ainsi, en mars 2019, une étape est créée à Mâcon, au port fluvial Aproport, sur l’autoroute ferroviaire exploitée par Viia depuis 2016 entre Calais et Le Boulou, près de Perpignan. Depuis la ville des Pyrénées-Orientales, les camions continuent leur route principalement vers la Catalogne espagnole. À Calais, la première destination est naturellement la Grande-Bretagne, vers laquelle la plupart des camions embarquent à bord des ferries. D’autres continuent vers la Belgique ou les Pays-Bas.

Du rythme actuel de 1 000 remorques par mois à destination ou en provenance de Calais ou Le Boulou, Alainé compte passer à 3 000 par mois fin 2020. Mâcon constituera en effet, à partir du 1er mars prochain, une nouvelle étape sur l’autoroute ferroviaire exploitée par Viia entre Calais et Orbasanno, près de Turin. Surtout, Alainé travaille avec l’opérateur ferroviaire à la création d’une nouvelle liaison par le rail entre Fos, Mâcon et Bettembourg. Elle devrait être opérationnelle en juin. « C’est la première fois que nous participons à la création d’une ligne, reconnaît Renaud Paulat. Nous créons ainsi un hub ferroviaire à Mâcon, ce qui nous permet d’augmenter la fréquence avec par exemple, dès mars 2020, deux départs par jour vers Calais. »

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