Début décembre, Conhexa, société à capitaux belges présente sur le port de Dunkerque et qui exploite le terminal sétois, a réceptionné 6 000 palettes de litchis, « en conteneurs et en cales », précise Luc Van Holzaet, directeur de Conhexa à Sète. L’armement belge Seatrade a affrété l’Atlantic Klipper pour cette livraison en provenance de Madagascar. Un autre déchargement de litchis avait eu lieu au port de Zeebrugge, le 12 décembre. Sète avait perdu ce trafic en 2018, l’intégralité des litchis étant alors destinée au port belge. « Pour toucher Sète, il faut moins de jours de mer depuis Madagascar, explique Luc Van Holzaet. L’Atlantic Klipper est passé par le Canal de Suez, alors que l’autre bateau desservant Bruges a contourné l’Afrique du Sud puis est remonté: ce trajet est moins cher, mais plus long. » L’espacement entre les deux escales (neuf jours) a permis une meilleure logistique: la première escale pour diffuser dans les magasins, la seconde pour réapprovisionner le marché. « En 2018, les deux bateaux arrivant à Zeebrugge ont rencontré des problèmes en mer et sont arrivés en retard. Il y a avait eu trop de marchandises en peu de temps, et la campagne avait été mauvaise », explique-t-il.
Un terminal exploité à 30 %
Le terminal frigo de Sète (23 000 m2, dix chambres rackées de 400 palettes chacune dont une chambre à température négative), livré en 2011 et repris par Conhexa depuis 2017, va être exploité cette année à environ 30 % de ses capacités, estime le dirigeant.
De nouveaux trafics se mettent en effet en place. Conhexa a recruté une équipe pour décharger les palettes d’eau potable de la société ODeep One. Celle-ci, dont l’activité démarre, pompe l’eau de la mer à 300 m de profondeur, la transforme en eau potable en la désalinisant, et la met en bouteille à bord. Ce cycle de production dure cinq jours. Puis Conhexa les met en conteneurs et en palettes pendant deux jours.
Autre bonne nouvelle pour Conhexa: le volume potentiel apporté par les trois nouvelles escales hebdomadaires de DFDS-UN Ro-Ro. L’armement de fréteurs rouliers s’est retiré de Toulon au profit de Sète, où les services intermodaux et les installations destinées aux marchandises réfrigérées lui ont paru plus adaptées à ses besoins. Le port occitan est en outre plus proche de ses marchés. Conhexa a signé pour des opérations de crossdocking (déchargement et rechargement sur des camions) pour une trentaine de conteneurs (dry) par semaine. « Nous espérons y ajouter des surgelés. Beaucoup de ces produits partent de Turquie par camion, les coûts étant très bas. À nous de transférer une partie des flux sur la mer! » Pour atteindre une vitesse de croisière de 400 à 500 conteneurs par semaine, il manque à Conhexa un trafic régulier de produits frais, en provenance d’Israël, d’Amérique du Sud ou d’Afrique. « Il n’y a toujours pas de lignes conteneurisées à Sète. On attend une ligne régulière pour les bananes africaines. Nous faisons le tour des compagnies maritimes, mais elles sont actuellement préoccupées par la réglementation IMO2020 qui leur coûte une fortune. Elles ne peuvent pas forcément ajouter une escale supplémentaire à leurs services. Pourtant, l’outil logistique de Sète est la Rolls Royce des entrepôts », ne craint pas d’affirmer Luc Van Holzaet.