L’opérateur portuaire PSA International a des « ambitions majeures pour Gdansk » dont l’emplacement géographique « unique » en fait « la porte d’entrée idéale vers l’Europe centrale et orientale et un hub de transbordement pour la Baltique ». Laurent Spiessens, le directeur général adjoint du Deepwater Container Terminal (DCT), l’un des deux terminaux conteneurisés du port polonais mais le seul à pouvoir accueillir de grands navires, l’a martelé alors qu’il conduisait une délégation polonaise à Singapour (composée d’entreprises des secteurs maritime, pétrolier, aérien, minier et technologique), à laquelle a notamment participé le ministre polonais en charge des affaires maritimes, Marek Grobarczyk.
Il s’agissait de présenter les plans d’expansion du port, qui prévoit de doubler sa capacité pour la porter à 100 Mt/an. Mais aussi d’afficher les opportunités d’investissement générées par les 2,8 Md€ de fonds publics et privés alloués à la création d’un « nouveau port », avec entre autres un linéaire de quais de 19 km et neuf terminaux.
Propriétaire de DCT depuis mai, acquis avec le Fonds de développement polonais et IFM Global Infrastructure Fund auprès de Macquarie Infrastructure and Real Asset, PSA réalise sa première incursion en mer Baltique. Et entend porter sa capacité nominale à 3 MEVP/an.
Alors que le premier navire y a été traité en 2007, le 93e port mondial (pour le conteneur) a connu une première étape stratégique lorsque Maersk en a fait une escale en 2009 d’un service Asie-Europe, élargi à la baltique. En 2016, l’achèvement d’un deuxième quai mégamax a doublé sa capacité.
Avec ses 22 et 23 % de croissance en 2018 et 2019 (1,949 MEVP), DCT Gdansk est désormais utilisé comme hub par 2M (Maersk, MSC) et Ocean Alliance (CMA CGM, CoscoSL, Evergreen).
Plus rapide, plus compétitif
Fin novembre, le terminal a reçu la « visite inaugurale » du premier train « Euro-Chine » (Euro-China Train, ECT), qui deviendra un service hebdomadaire à partir de janvier 2020.
La nouvelle liaison est le fruit d’une coopération avec Adampol. Depuis son hub de transbordement de Malaszewicze, à la frontière entre la Pologne et la biélorussie, l’opérateur ferroviaire peut accueillir jusqu’à 19 trains par jour en provenance de Xi’an, Chengdu, Chonqging, Hefei, Zhenghzou, Wuhan, Changsha et Harbin. De là, un train mettra un à deux jours pour rejoindre Gdansk et ensuite entre trois et cinq jours pour desservir Hambourg et Duisburg.
L’opérateur garantit un transit time de 10 à 12 jours entre la Chine et la Pologne. Auparavant, les cargaisons destinées à la Pologne arrivaient à Hambourg et à Anvers avant d’être redistribuées. « Grâce à cette solution, nous sommes en mesure d’accélérer le transport des marchandises en provenance de Chine jusqu’à cinq jours. Il implique également moins d’opérations sur le conteneur, ce qui se traduit par une réduction des coûts. En outre, Gdansk dispose de connexions avec un large panel de ports européens et baltes. Il s’agit d’une véritable alternative aux ports allemands encombrés », liste Lukasz Greinke. Le président du port de Gdansk a annoncé être en négociations avec des chargeurs (britanniques, scandinaves et polonais), notamment « des constructeurs automobiles (Malaszewicze est le seul terminal en Pologne capable de stocker et de transborder des voitures, Ndlr) et des producteurs de bois ».
Une chose est certaine, a ajouté Elena Lukanowa, PDG d’Adampol, « les itinéraires de transport alternatifs, créés par cette nouvelle liaison ferroviaire, renforceront encore la position de Gdansk en Europe ».
La Pologne enregistre un taux de croissance annuel moyen de 4,2 % depuis 1992. Elle aura reçu 208 Md€ de financements européens entre 2007 et 2020. La stratégie de l’UE a fait du port de Gdansk un lien clé dans le corridor de transport transeuropéen n° 1.
