Si les investissements annoncés se concrétisent, les ports du Sud-Est américain devraient se rendre plus attractifs. Le plus entreprenant de ce point de vue est sans doute Savannah, qui fait partie de ces infrastructures longeant la côte atlantique profitant à plein de l’élargissement du canal de Panama.
Le 37e port mondial avec 4,35 MEVP vit une constante croissance depuis 2000 (+ 8 % en 2018, + 11 % au premier semestre 2019) si bien que face à la saturation de ses installations, il a été contraint de développer successivement des terminaux satellites.
La Georgia Ports Authority (GPA), qui le gère, entame une nouvelle vague d’investissements pour porter la capacité annuelle du 4e port américain à 11 MEVP. Pour ce faire, elle prévoit de développer un second terminal à conteneurs sur l’île Hutchinson, en amont de la rivière Savannah, au-delà de son actuel terminal à conteneurs Garden City Terminal et face à Ocean Terminal. Il aura une capacité annuelle de 2,5 MEVP.
Selon les plans de la GPA, Garden City recevra en outre d’ici 2020 six grues navire-terre supplémentaires, portant son parc à 36 unités. D’ici 2027, a planifié Griff Lynch, le CEO de GPA, 12 nouvelles grues d’une hauteur de 51 m peupleront les quais. Et avant cela, d’ici trois ans, les postes d’amarrage seront « réalignés » afin de permettre l’amarrage d’un plus grand nombre de navires maxi neo-panamax (14 000 EVP, 366 m de long).
Soignant son extension à terre, 220 M$ ont été en outre sanctuarisés pour le développement d’un terminal ferroviaire, dont la première phase sera livrée au printemps 2020. Lors de l’ouverture de la seconde phase, fin 2020, Savannah pourra alors transporter 1 million de conteneurs par an via le rail.
Rivalités portuaires
Relié au Golfe du Mexique, Savannah a maille à partir avec une forte concurrence au sein de sa « zone de chalandise », principalement Charleston en Caroline du Sud (2,31 MEVP, + 6 % en 2018) au Nord et Jacksonville en Floride (1,27 MEVP, + 23 % en 2018) au Sud. Tout en se faisant concurrence, les États voisins de la Géorgie et de la Caroline du Sud avaient toutefois convenu de développer un nouveau port en eaux profondes dans le comté de Jasper, situé en Caroline du Sud mais partie du port de Savannah. Après d’interminables tractations, le projet est en « veilleuse ».
En Caroline du Nord, un autre projet d’expansion à grande échelle d’un port à conteneurs est prévu à Wilmington, porté par l’émirati Gulftainer, sur le site d’une ancienne usine chimique. L’installation prévue de 1,20 MEVP devrait entrer en service mi 2020.
Plus au sud, bordant le Golfe du Mexique, l’Autorité portuaire de l’État d’Alabama (ASPA), qui gère Mobile Port, a reçu en septembre l’autorisation fédérale pour approfondir le seul port en eaux profondes de l’État en vue de porter les tirants d’eau des deux chenaux à 15,80 m et 15,20 m. Les travaux pourraient démarrer fin 2020. Ils suivent de peu de précédents investissements, de 100 M$ en deux temps, qui devraient tirer à 0,65 MEVP la capacité du terminal à conteneurs (APMT Mobile) opéré par un joint-venture entre APM Terminals et l’ASPA. En février 2020, le terminal modernisé devrait ajouter 120 m à la ligne de quai pour la porter à 730 m, de façon à accueillir simultanément deux navires de plus de 10 000 EVP.
Le port américain est actuellement desservi par 2M et Ocean Alliance avec des navires de 6 000 à 8 000 EVP, ainsi que par un service caribéen de MSC et Zim.
Philadelphie est aussi engagé dans un programme d’investissement de 200 M$ visant à faire passer la capacité de Packer Avenue Marine Terminal (PAMT), l’un de ses deux terminaux à conteneurs exploité par Holt Logistics, de 0,5 à 0,9 MEVP. L’installation, inscrite sur les lignes de Maersk, MSC, Hamburg Süd et CMA CGM, est desservie aujourd’hui par des néo-panamax de 8 800 à 12 000 EVP.