Selon la parole officielle, plusieurs ports ont essayé de s’équiper au cours des trois dernières années, comme Venise et Livourne par exemple. Mais visiblement, le courant a eu du mal à passer. Trop cher pour Venise. Le port a rapidement jeté l’éponge après une analyse sur les coûts et les bénéfices. Il a été dissuadé par les difficultés techniques liées à l’incompatibilité entre les équipements proposés à terre et les installations des navires. Mais si le port du Nord-est italien a renoncé officiellement au cold ironing en 2017, il étudie d’autres technologies qu’il estime « plus modernes et plus vertes comme le GNL ». L’an dernier, le président de l’autorité portuaire s’est engagé à devenir le premier hub de l’Adriatique pour la fourniture et le stockage du gaz naturel liquéfié.
Face aux pressions de l’Union européenne, qui invite les pays membres à accélérer sur ces questions sociétales, le pays s’est mis en ordre de marche.
Pour réaliser ce grand chantier, deux groupes industriels ont été chargés du dossier: l’électricien Enel et le constructeur de navires Fincantieri. Durant l’été, l’administrateur délégué de Fincantieri a levé le voile sur le plan actuellement à l’étude et partagé avec deux groupes partenaires. « Jusqu’à présent, l’électrification à quai n’a pas véritablement séduit les utilisateurs en raison des coûts relativement élevés. Nous devons donc réussir à casser les coûts tout en garantissant un système fonctionnel. Sans cela, nous n’aurons jamais de clients pour ce système », convenait alors Giuseppe Bono. Les premiers à convaincre sont les présidents des autorités portuaires.
De la résistance dans les ports
À Civitavecchia dans le Latium, par exemple, l’autorité portuaire aurait rejeté l’idée du courant à quai dès 2017 sur les mêmes arguments que Venise: coûts trop élevés, infrastructures trop complexes. À Livourne, un seul quai est électrifié mais n’a jamais été utilisé. À Gènes en revanche, la situation est nettement plus favorable. Les travaux d’électrification du terminal de Voltri-Pra devraient être terminés courant 2020. Un projet est à l’étude pour la gare maritime. À Savone, l’autorité portuaire songe à installer le courant à quai dans la partie réservée aux croisiéristes. Les réticences sont tenaces ici et là. Enel et Fincantieri vont devoir être convaincants pour que l’Italie puisse enfin répondre aux vœux de Bruxelles.