Le grand projet stratégique, encore en préparation, est dans sa dernière ligne droite. Il couvrira la période 2019-2023. La validation finale par le conseil de surveillance est prévue en novembre. Deux grandes orientations ont d’ores et déjà été définies, celle d’un port responsable et celle de « son rayonnement ». « Notre préoccupation s’est amplifiée sur la question du développement portuaire sans atteinte à l’environnement », justifie Éric Legrigeois, président du directoire du Gand Port maritime de La Réunion (dit Port Réunion) nommé en mars dernier, après quelques années au sein de la Dreal (en Provence-Alpes-Côte d’Azur et aussi à La Martinique), dont un des domaines de compétence est précisément la politique environnementale. Sous cet intitulé, il intègre aussi la responsabilité sociétale. « Nous cherchons à améliorer la qualité de vie au travail, le dialogue social... »
Quant au port « rayonnant », il s’agit de poursuivre et amplifier les orientations déjà engagées. Alors que les échanges se sont longtemps faits essentiellement avec la métropole, la donne a changé. Depuis le précédent projet stratégique, le port de la Pointe des Galets met tout en œuvre pour devenir un hub dans le sud de l’océan Indien. Il rayonne déjà sur le sud de l’océan Indien, vers les Seychelles, les Comores, Mayotte, Maurice, Madagascar. Il est à quatre jours de mer de Durban et à cinq de Maputo.
Cette ambition est évidemment confortée dans le prochain projet. « Nous sommes en passe de gagner ce pari », assure Éric Legrigeois. La volonté est partagée par tous les acteurs politiques et socio-économiques de l’île. Restent les armements qui, plus lents à contrarier leurs habitudes et à modifier leurs lignes, ralentissent encore un peu le processus.
CMA-CGM, MSC, Hapag Lloyd…
Pourtant, des services se mettent doucement en place. La Réunion est désormais un appel de la ligne New Nemo de la CMA-CGM (ex-Nemo réorganisée en mars avec un changement de partenaire, MSC remplaçant Hapag-Lloyd) et de l’Australia Express Service (AES) de MSC, qui relient l’une et l’autre l’Europe du Nord et la Méditerranée à l’océan Indien et à l’Australie dans le sens Nord-Sud et l’Australie à l’Asie du Sud-Est, au sous-continent indien et à l’Europe dans l’autre sens. Le service est opéré par des navires d’environ 9 500 EVP.
Si les porte-conteneurs les plus réguliers jaugent de 5 500 à 7 500 EVP, La Réunion a déjà accueilli près d’une quinzaine de 9 500 EVP et, tout récemment, le 29 août, un 12 000 EVP (cf. plus loin).
Base arrière pour de grands chantiers
La stratégie du « port rayonnant » doit en outre permettre de développer le réseau de feeders et de mieux connecter La Réunion avec le sud de l’océan Indien. Le transporteur allemand Hapag-Lloyd lance à compter d’octobre un nouveau service reliant Colombo en Sri Lanka à l’Afrique du Sud et de l’Ouest via La Réunion (sous la marque MIAX) avec neuf navires de 2 800 EVP. « Notre positionnement géographique est pertinent pour proposer des solutions logistiques nouvelles aux grandes compagnies », place le président du directoire.
En effet, cela pourrait se concrétiser avec le grand chantier annoncé pour l’exploitation gazière dans le canal du Mozambique. La Réunion pourrait alors servir de base arrière. Y seraient préfabriqués les caissons flottants et les constructions nécessaires à l’aménagement du port et des usines. « Nous avons démarché les opérateurs du Mozambique. Cela nous permettrait de déployer notre offre de service et de nous positionner sur de grands projets de développement. »
Côté investissements, La Réunion, qui avait provisionné l’aménagement d’une darse pour les conteneurs dans son précédent grand projet, affiche cette fois des ambitions plus mesurées. Cependant, 20 M€ vont permettre d’améliorer les superstructures. Sont notamment prévus le renouvellement de deux portiques de déchargement des conteneurs. Ils viendront compléter les trois grands portiques déjà mis en place depuis 2016.
L’appontement pétrolier, utilisé trois à six jours par mois, va être déplacé, ceci afin de dégager de la place à quai pour d’autres navires et ainsi répondre à la demande des compagnies. « Cela nous permettra de desserrer les contraintes sur les fenêtres d’escale », ajoute Éric Legrigeois.