Il avait la proue habillée de la couleur verte, tranchant avec le code couleur propre à la flotte CMA CGM, et flanquée d’une mention « LNG Powered » que l’on a plutôt l’habitude de lire sur des souteurs. Portant le nom du fondateur de l’entreprise décédé en juin 2018 Jacques Saadé, le premier mégamax (23 112 EVP) d’une série de neuf alimentés au GNL a été mis à l’eau fin septembre sur un des sites du chantier chinois Hudong Zhonghua, filiale de CSSC. L’étape solde l’assemblage de la coque avant la finalisation à quai et les essais en 2020.
Le CMA CGM Jacques Saadé, long de 400 m et large de 61 m et autorisant 24 rangées de conteneur, sera immatriculé au Registre international français (Rif), comme les sisterships de la série, et affecté à la route Asie-Europe.
Avec ces neuf navires, les cinq de 15 000 EVP (livraison en 2021-2022) et les six de 1 380 EVP (dont trois déjà en service et livrés pour sa filiale régionale intra-européenne Containerships), CMA CGM totalisera donc 20 navires propulsés avec un carburant offrant à ce jour le meilleur profil environnemental, même s’il ne répond pas totalement à la problématique du CO2 qu’il n’enraye qu’à hauteur de 20 % dans les meilleures dispositions. Mais il a un effet radical sur les particules fines et oxydes de soufre et d’azote.
Savoir-faire européen
À l’occasion de l’événement, dans un tweet, le PDG du groupe, Rodolphe Saadé, qui a pris les rênes de l’entreprise il y a presque deux ans, enjoignait la filière à s’engager sur la voie du GNL: « Avec ce lancement, nous démontrons que la transition énergétique peut réussir efficacement dans notre industrie si tous les acteurs travaillent ensemble ».
Le CMA CGM Jacques Saadé aura d’autres atouts pour gagner en efficacité énergétique, fait valoir le groupe. La cuve, fabriquée par le groupe français GTT et qui contiendra 18 600 m3 de GNL, un volume étudié pour les lignes Asie-Europe. Elle a été intégrée a` la structure même du navire, « condition sine qua non pour que le GNL reste a` l’état liquide et occupe ainsi 600 fois moins d’espace ». Des capteurs fileront à la trace ses conditions de stockage. Bulbe, hélice, safran, becker twisted fin ont été étudiés pour améliorer le profil hydrodynamique du navire, dont l’étrave est, de façon inhabituelle, droite. Grâce à son « becker twisted fin » revisité (système qui permet d’améliorer les performances de l’hélice des navires), CMA CGM estime qu’il pourra diminuer de 4 % ses émissions de CO2.
Enfin, le groupe rappelle que pour « ce concentré de technologies, il a mobilisé le savoir-faire du meilleur de l’industrie française et européenne ». Et de citer Cryostar (pompes GNL), Bureau Veritas (certification), BLM (treuils et guindeaux), Schneider Electric (tableaux électriques), Sperry Marine (radionavigation), Wärtsilä (fuel gas handling system) et WingGD (designer du moteur principal).