Le fluvial, laboratoire pour la construction navale maritime?

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C’est à l’occasion d’une réception donnée en juin pour le centième anniversaire des Chantiers de la Haute-Seine, principal chantier fluvial sur la Seine, situé à quelques kilomètres en amont de Paris, qu’a été signée une convention entre le Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), le Comité des armateurs fluviaux (Caf) et le Syndicat national des constructeurs et réparateurs de bateaux (SNCRB). Si les industriels de la construction navale maritime prévoient de collaborer avec les transporteurs et les chantiers navals fluviaux, c’est que les besoins sont énormes en matière de renouvellement de la flotte de navigation intérieure. La flotte fluviale est en effet vieillissante, les bateaux de petit gabarit construits massivement après la Seconde Guerre mondiale étant progressivement abandonnés au profit d’unités moins nombreuses, mais de plus fort tonnage.

« Cette interaction entre acteurs maritimes et fluviaux doit permettre que les unités fluviales soient construites par des chantiers français, ce qui n’est pas toujours le cas, souligne François Lambert, délégué général du Gican. Nous voyons là des opportunités pour les chantiers navals maritimes, d’autant qu’un renouvellement de la flotte fluviale est à prévoir dans la perspective de l’ouverture du canal Seine-Nord. »

Les bénéfices d’une telle collaboration sont partagés. D’un côté, le fluvial a besoin de réfléchir à la standardisation de sa flotte, alors que les constructions sont aujourd’hui faites à l’unité. Les chantiers maritimes peuvent apporter une expérience en la matière, alors que le nombre limité de bateaux construits par les chantiers fluviaux ne permet pas d’y parvenir. De son côté, la construction navale maritime, confrontée à la question de la transition énergétique, pourrait se servir du fluvial comme un laboratoire en la matière: sur le GNL et sur l’électrique notamment, le fluvial permet d’innover à petite échelle avant d’appliquer les progrès techniques à de plus gros navires. Le rapprochement entre les deux secteurs est aussi une façon pour l’ensemble d’atteindre une taille critique, nécessaire au financement des innovations.

Premier lot de 25 bateaux

La collaboration se met aussi en place dans la perspective du lancement du projet Multiregio, porté par VNF, qui vise à renouveler la flotte fluviale de petit gabarit de façon standardisée. La réflexion est en cours avec les chargeurs, au premier rang desquels, le secteur du BTP, pour la construction de bateaux de 200 à 500 t assemblables en convois. Un premier lot de 25 bateaux pourrait être construit dans les prochaines années, pour répondre aux besoins du chantier du canal Seine-Nord en matière d’évacuation des déblais et de transport de matériaux de construction, et pour servir à plus long terme les marchés du BTP. Mais les besoins, à terme, pourraient atteindre 150 bateaux pour des transports très divers (céréales, déchets, etc.) sur les petits canaux comme sur les voies d’eau de grand gabarit.

« Les chantiers navals maritimes peuvent apporter leurs capacités de construction pour ce projet, explique François Lambert. S’il y a effectivement un plan de renouvellement de la flotte fluviale avec le soutien du gouvernement et des collectivités territoriales, le renouvellement peut être rapide. » Au sein du Gican, un groupe de travail a été mis en place – le « comité fluvial » – ouvert aux adhérents intéressés pour proposer leurs services mais l’objet est aussi de l’ouvrir aux chantiers fluviaux.

Obstacle

Le renouvellement de la flotte fluviale se heurte toutefois à un obstacle: l’éclatement des associations. Aucun « cluster fluvial » ne chapeaute la filière. Quant aux artisans bateliers indépendants, ils n’ont tout simplement plus d’organisme représentatif, la Chambre nationale de la batellerie artisanale (CNBA) ayant été dissoute au 1er juillet 2019. À la fois chambre des métiers pour les artisans bateliers, et outil de représentation de ces bateliers indépendants, la CNBA, créée en 1985, a été supprimée par la loi de finance 2019, qui a mis fin du même coup à la taxe payée par les bateliers pour en financer le fonctionnement.

Le seul syndicat professionnel de bateliers existant, la Glissoire, étant en sommeil depuis plusieurs années, les artisans bateliers ne sont plus représentés. C’est pourquoi ils n’abordent pas en confiance la mise en place d’une interprofession fluviale, qui doit voir le jour fin 2019 ou début 2020, et dont la création, voulue par le gouvernement, a été confiée au préfet François Philizot. Bateliers et armateurs industriels pourraient alors se rapprocher: des discussions sont en cours pour créer une nouvelle fédération des transporteurs fluviaux, qui rassemblerait les armateurs du Caf et les artisans bateliers, le plus souvent confrontés dans leur activité professionnelle à des enjeux similaires. Il faut aller vite, car la mise en place de l’interprofession en dépend… et le bon développement de la collaboration avec le secteur maritime aussi!

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