Comment BIO-UV Group a-t-il anticipé le marché du traitement des eaux de ballast?
Benoît Gillmann: En 11 ans, nous avons investi 11 M€ en R&D et en processus de certification: tests à terre et à bord par des laboratoires indépendants, analyses bactériologiques…Avec 50 000 bateaux concernés, le marché mondial représente un potentiel de 15 Md€. L’activité pèse déjà 60 % de notre chiffre d’affaires global, qui s’est élevé à 12,4 M€ en 2018 (17 M€ en prévisionnel 2019, Ndlr). Nous prévoyons une croissance de 80 % sur le seul segment des eaux de ballast. La nouvelle législation impose une obligation de résultats, et non pas de moyens. Les bateaux peuvent être contrôlés à tout moment dans les ports, avec un risque d’immobilisation en cas de non-conformité.
Pourquoi avoir choisi la technologie du traitement par ultraviolets?
B.G.: C’est notre technologie historique, que nous pratiquons depuis 20 ans pour d’autres secteurs. Elle est par ailleurs le choix préférentiel des armateurs car elle fonctionne avec tous les niveaux de salinité et de température d’eau et est moins coûteuse.
La technologie sera-t-elle évolutive?
B.G.: Les certifications coûtent très cher. La fenêtre de tir n’est que de cinq ans. Nous équipons des navires depuis quelques années. La technologie est donc éprouvée et ne nécessite pas d’évolutions majeures. Nous avons des commandes pour les deux prochaines années (Louis Dreyfus, Piriou, CMA, Bourbon, STX, MSC, Damen…) et des accords-cadres signés.
La concurrence est vive, incarnée entre autres par le géant suédois Alfa Laval. Comment une PME (71 salariés) tire-t-elle son épingle du jeu?
B.G.: Nous sommes l’une des rares à maîtriser la conception et la fabrication du système que nous proposons aux armateurs ou aux chantiers navals. Notre entrée en bourse, en juillet 2018 (8,5 M€ nets levés), a assis cette crédibilité. Nos systèmes sont totalement automatiques (ballastage, déballastage, nettoyage) et gérés à partir d’un écran de contrôle, grâce à la présence de capteurs, et nécessitent peu de maintenance.
Il existe différentes technologies pour traiter les eaux de ballastage. Quelles sont les limites des ultraviolets à cet égard?
B.G.: La technologie UV n’est pas adaptée aux gros débits entre 3 000 et 6 000 m3/heure mais idéale pour les volumes compris entre 30 et 2 000 m3/heure. Mais le débit et la taille du bateau ne sont pas forcément corrélés. Par exemple, un gros paquebot va présenter un débit de 300 m3/heure alors qu’un porte-conteneurs de même longueur se situera autour des 3 000 m3/heure.
Propos recueillis par Hubert Vialatte