Avec 45 méthaniers déchargés entre le 1er janvier et le 30 juin 2019, contre huit navires reçus seulement au cours de la même période de l’an dernier, dont un pour rechargement, le terminal GNL du Grand Port maritime de Dunkerque fonctionne à plein régime. Plus de 47 TWh de méthane ont été émis sur le réseau de transport de gaz depuis le début de l’année, pour 8 TWh au premier semestre 2018. Au passage, le terminal méthanier exploité par Dunkerque LNG, filiale du groupe gazier belge Fluxys, a inscrit plusieurs records d’émission de gaz sur le réseau, s’approchant des 520 GWh de capacité maximale du site: le 23 avril 2019, 443 GWh ont été injectés dans le réseau géré par GRT Gaz. « Cela correspond au triple de la production totale d’énergie des six tranches de la centrale nucléaire de Gravelines », compare le président de Dunkerque LNG, Juan Vazquez.
Ce sont les conditions du marché européen et mondial de l’énergie qui sont à l’origine de cette hyperactivité. Le terminal méthanier de Zeebrugge, exploité par une filiale de Fluxys, a également connu six mois exceptionnels avec trois fois plus de GNL déchargé qu’au 1er semestre 2018. Il en va de même pour Montoir ou Rotterdam. « Nous avons reçu beaucoup de navires et déchargé beaucoup de GNL car les clients y trouvent leur compte, résume Juan Vazquez. La courbe des prix payés par le client final en Europe par rapport au client asiatique montre une corrélation forte avec les flux de méthaniers vers l’un ou l’autre continent. » Après l’accident de Fukushima, l’arrêt préventif des centrales nucléaires a provoqué un afflux de gaz vers le Japon, entraînant une hausse du prix du gaz en Asie. Depuis la fin 2018, le ralentissement économique en Asie y a fait baisser la demande de GNL, ce qui a eu pour conséquence un tassement de l’écart du prix du gaz entre l’Asie et l’Europe, qui désormais attire davantage les cargaisons de GNL des méthaniers. La baisse du prix du gaz favorise dans le même temps son emploi, au détriment du charbon, pour la production d’électricité. Toutes les conditions sont donc réunies pour développer les importations maritimes vers l’Europe. « La diminution de la production du champ gazier néerlandais de Groningue ouvre un potentiel de croissance car les importations par pipelines sont au maximum de leur capacité et les nouveaux projets sont de plus en plus contraints, tel le Nord Stream 2 pour l’acheminement du gaz russe à travers la Baltique. Les capacités de réception des terminaux méthaniers sont, quant à elles, disponibles. Elles permettent une plus grande flexibilité dans le choix des provenances, en fonction de la situation géopolitique des pays fournisseurs de gaz », décrypte Jan Vazquez.
Prêt pour le soutage?
Le terminal méthanier du port du Nord se tient par ailleurs prêt pour un autre changement: le soutage GNL. Des travaux sont en cours pour modifier l’appontement de façon à permettre à des petits méthaniers d’avitailler les navires GNL. « Nous sommes attentifs à ce que font des armateurs comme CMA CGM, et nous espérons que ses navires viendront à Dunkerque s’approvisionner », espère Juan Vazquez. Quoi qu’il en soit, les avitailleurs de 5 000 à 30 000 m3 pourront remplir leurs cuves à Dunkerque à partir du premier semestre 2020.
Un autre projet est en phase de pré-analyse par Dunkerque LNG: la construction d’un appontement dédié aux petits navires. Alors que les travaux en cours permettront de charger des avitailleurs lorsque le terminal ne sera pas occupé à décharger un méthanier, ce projet de nouvel appontement viserait à offrir une solution permanente pour les navires de 5 000 à 30 000 m3, découplant ainsi le chargement des avitailleurs du déchargement classique des méthaniers. Ce qui pourra s’avérer utile si l’activité du terminal de Dunkerque monte en puissance et si la demande en avitaillement GNL des navires se fait sentir, tant à Dunkerque qu’à Calais ou même au Havre Dans l’immédiat, ce sont les camions qui pourront commencer à la fin de l’été à s’approvisionner en gaz liquéfié à la nouvelle station mise en service par Dunkerque LNG.