Avec l’inauguration de la nouvelle extension des installations portuaires conteneurisées de Tanger Med, ce ne sont pas moins de 9 MEVP de capacités qui seront mis à disposition des plus grands armements mondiaux, aux carrefours des routes Est-Ouest mais aussi Nord-Sud. Tanger Med n’est plus un simple concurrent de ses voisins espagnols – Algésiras, Valence, Las Palmas – mais incarne l’ambition géopolitique et stratégique du Royaume du Maroc de devenir la porte d’entrée (et de sortie) de l’immense marché africain.
Avec l’engagement de l’opérateur de manutention APM Terminals, filiale du numéro un mondial du conteneur maritime, Maersk Line, Tanger Med devient le plus grand port du continent devant deux autres hubs historiques, Port Saïd en Égypte et Durban, en Afrique du Sud.
À la volatilité des transbordements conteneurisés, répond la capacité des zones franches de Tanger Med à fixer les marchandises et les transformer, faisant du port marocain une antichambre logistique à prix concurrentiels pour les marchés européens, méditerranéens et africains. Le seuil symbolique des 1 000 entreprises installées dans la zone franche devrait être franchi rapidement avec cette nouvelle extension portuaire. Depuis son inauguration il y a 9 ans, Tanger Med et ses zones franches ont déjà créé plus de 75 000 emplois. Selon Fouad Brini qui a ouvert le Forum africain des Ports, qui se tenait à Tanger le 4 juillet dernier, 40 % du trafic manutentionné à Tanger est destiné à l’Afrique, soit le premier marché devant l’Europe et de l’Asie (chacun un peu plus de 26 % des manutentions totales). Pour le président de Tanger Port, ces installations servent à réduire les coûts logistiques africains et améliorent les connectivités maritimes avec toujours plus d’escales sur les terminaux en provenance ou à destination des ports partenaires de la rangée Dakar-Pointe-Noire.
Évidemment se questionne la concurrence, voire la surcapacité qui pourrait impacter les ports ouest-africains qui, pour l’instant, présentent tous des niveaux de congestion importants. Du projet de port de futur à Dakar aux extensions de TC2 à Abidjan en passant par les 3,7 millions de capacité de MTS à Téma jusqu’au million de conteneurs manutentionnés à Lomé en 2018, les rivalités s’aiguisent sur l’interface navire-terminal. Toutefois, les transbordements ne rapportent guère qu’aux opérateurs de manutention et comme le dit l’adage, la bataille se gagne à terre. Aussi, Tanger continue d’être une formidable vitrine pour soutenir les exportations marocaines avec des entreprises nationales qui visent elles aussi à conquérir le marché émergent africain. Les déficits infrastructurels terrestres demeurent et le Royaume pourrait renforcer son ambition de moderniser les réseaux terrestres, comme le font à coup de milliards les intérêts chinois. Que la (grande) bataille portuaire africaine commence!