Après le Rhin, le carburant GTL est désormais disponible également pour les bateaux naviguant en Seine. Proposé sur ces deux fleuves par l’avitailleur fluvial AS Energy, ce carburant de synthèse est fabriqué à partir de gaz naturel, rendu liquide à température et pression constante par une transformation chimique: c’est le procédé Gas-to-Liquid (GTL). Contrairement au gaz naturel liquéfié (GNL), qui nécessite un moteur adapté et une installation spécifique pour le stockage du carburant, le GTL peut être utilisé en remplacement du gasoil sans aucune modification du moteur ni des soutes à carburant.
Depuis 2017, il est utilisé par Batorama, dont les bateaux-promenades naviguent sur les canaux de la ville de Strasbourg. L’avitailleur fluvial AS Energy, qui distribue le GTL à Strasbourg, le propose aussi désormais sur la Seine. Une expérimentation de plusieurs semaines a été menée sur un bateau de la Compagnie des bateaux-mouches, qui a décidé de continuer à utiliser ce carburant. D’autres opérateurs fluviaux suivent le mouvement: les Bateaux parisiens, qui exploitent le service touristique Batobus dans Paris, mais aussi Croisieurope, qui bascule au GTL pour l’ensemble de sa flotte de paquebots de croisière fluviale en Seine.
Un avitailleur dédié
Face au nombre croissant de bateaux de Seine se tournant vers le GTL, AS Energy a décidé de ne plus seulement assurer le soutage de ce carburant avec des camions-citernes depuis les quais mais de consacrer à ce carburant l’Eseve, un de ses avitailleurs de Seine. « En un an, celui-ci peut assurer jusqu’à 1 500 livraisons de carburant dans la capitale, indique AS Energy. Soit autant de camions évités sur les quais de Seine et le réseau routier parisien déjà surchargé. L’utilisation de bateaux avitailleurs permet aussi de limiter l’empreinte carbone de la livraison ». La première opération de soutage d’un bateau fluvial dans la capitale concerne le Botticelli, paquebot fluvial de l’armement Croisieurope, le 28 juin 2019.
L’engouement du tourisme fluvial pour le nouveau carburant se comprend: issu du gaz naturel, ce carburant émet certes du CO2, n’est pas issu d’énergies renouvelables, mais ne présente pas les mêmes inconvénients que le gasoil, qui émet des particules, des oxydes d’azote et de soufre.
La ville de Paris, qui promet une interdiction progressive aux véhicules diesel, ne s’est pas encore attaquée aux émissions polluantes des bateaux fluviaux, qui ont anticipé. Ceux de marchandises sont pour l’instant plus réticents à l’abandon du carburant habituel, disposant de moins de marge de manœuvre que la croisière pour absorber le surcoût de 3 centimes par litre.