Le projet chinois pourrait-il être stratégique au port de Trieste comme il se dit?
Zeno D’Agostino: C’est avant tout une grande opportunité pour ses perspectives en termes de trafic et ses impacts sur l’emploi. Ce n’est pas pour autant la « grande opportunité » car nous en avons d’autres. Trieste traverse une phase de développement plus importante au niveau du trafic que de celui des activités logistiques ou du port franc ou encore des activités industrielles. Pour remettre les choses à l’équilibre, nous devons développer des projets. Ceux portés par les investissements chinois peuvent y contribuer mais cela ne signifie pas pour autant que nos efforts sont concentrés sur les relations avec Pékin. Nous avons actuellement de nombreux chantiers et partenariats en cours, tel l’accord récemment signé avec le Luxembourg, qui vise à augmenter le nombre de trains reliant Trieste à Bettembourg-Dudelange depuis 2012. En fait, cela fera sourire mais je pense que ce n’est pas le port de Trieste qui adhère à la route maritime de la soie mais le contraire! Nous dialoguons avec tout le monde et les relations avec l’Asie restent à l’évidence essentielles pour un port comme le nôtre au regard des volumes de trafic de marchandises qu’elle suppose.
Concrètement, comment se traduira cette collaboration?
Z.DA: En premier lieu, je voudrais souligner un aspect important: Trieste ne recevra pas un centime des Chinois, nous n’en avons pas besoin. Des idées, nous en avons déjà. Ce qui nous intéresse en revanche, c’est d’intéressants des opérateurs majeurs et les entreprises chinoises en sont. L’accord signé avec le gouvernement chinois pour ce qui nous concerne s’inscrit dans le projet Trihub, qui prévoit une série d’investissements destinés à relancer les infrastructures ferroviaires, Cerviniano, Villa Opicina, Monfalcone. Ce projet a été validé par Bruxelles et inséré dans une liste d’objectifs prioritaires. Aux termes de discussions importantes, un accord a finalement été signé entre China Communications Construction Company (CCCC) et l’autorité portuaire de Trieste.
D’autres projets?
Z.DA: Nous sommes aussi partenaire d’une opération portée par des investissements chinois en Slovaquie pour la construction d’un gigantesque réseau logistique ferroviaire à Košice. Un projet également validé par Bruxelles. La troisième partie de l’accord concerne le développement de plate-formes logistiques pour améliorer l’exportation de produits italiens en Chine et notamment le vin. En collaboration également avec le conglomérat chinois de travaux publics.
Que pensez-vous de l’initiative nippone qui prend toutes les apparences d’une alternative au projet chinois?
Z.DA: Le Japon a raison! Il faut élargir le processus d’intégration du transport entre l’Europe et l’Asie. Bruxelles doit davantage collaborer avec l’Asie mais cela signifie que les projets doivent être préparés par Bruxelles et non pas par Pékin. J’ai récemment porté au niveau européen la problématique de nos relations avec l’Afrique car il est inadmissible que les Européens ne soient pas capables de discerner les opportunités de ce continent alors que les Chinois l’ont compris depuis bien longtemps. Nous devons développer un grand projet d’intégration en termes de transport et de logistique avec l’Afrique.