La première escale entièrement numérisée avec le traitement complet du navire et de sa marchandise sous S)One, le dernier-né de votre Port Community System (PCS), a été réalisée en septembre dernier. Qu’offre-t-il de plus?
Hervé Cornède: Depuis 2009, au Havre, il existe une intégration totale des logiciels entre le guichet unique du Grand port maritime du Havre et les outils développés par Soget. Cette coopération est unique. Nous développons des technologies pour améliorer le service aux clients et faciliter le passage de la marchandise. Avec des navires de plus en plus gros et des lieux de stockage de plus en plus grands, les systèmes d’informations doivent être performants. Notre PCS S(One permet aussi de sécuriser les process, ce qui est aujourd’hui un enjeu. Le système est accessible à tous les utilisateurs de l’axe Seine. Ce corridor digital est interfacé avec les outils des établissements publics portuaires, soit près de 80 % de nos clients, ainsi qu’avec les entrepôts. Près de 3 000 interfaces – 2 500 au Havre et 500 à Rouen – sont ainsi gérés par Soget.
L’écosystème portuaire est en grande mutation. Quels pourraient être les besoins des clients dans les prochaines années?
H.C.: Les systèmes d’informations vont devenir de plus en plus interopérables. La cyber sécurité est également un gros enjeu tout comme le pilotage de l’activité par les données, la performance portuaire et l’automatisation des procédures grâce à l’intelligence artificielle. Autant de technologies qui optimiseront le traitement du passage portuaire de la marchandise.
Ces besoins sont-ils vraiment différents de ceux d’aujourd’hui?
H.C.: Ils vont prendre une place grandissante. Nous avons créé une direction de l’innovation au sein de Soget en vue d’explorer les nouvelles technologies et d’anticiper les besoins des clients. Nous travaillons avec des start-up et partenaires pour développer des services à valeur ajoutée. Nous faisons également partie du groupement d’intérêt scientifique Trafis Lab (cf. plus loin). Nous travaillons sur l’intégration de l’intelligence artificielle et du big data dans le PCS et sur l’intelligence des données au service de la performance portuaire.
Les technologies évoluent très vite et déferlent tout aussi rapidement. Quelles sont celles qui présentent pour vous un intérêt?
H.C.: La blockchain dans la chaîne logistique pour des trafics précis comme les flux de marchandises dangereuses! Nous travaillons dans ce sens dans le cadre d’un programme fixé par le GIS Trafis et Haropa port du Havre. Un premier prototype est en cours de développement. On ne fait de la blockchain pour faire de la blockchain mais pour apporter de la valeur ajoutée aux clients. Nous regardons aussi de près l’accès aux services et informations à travers des API (interfaces de programmation d’applications), le traitement des datas tirés des objets connectés ou encore les outils d’aide à la décision.
À quel degré de maturité se situe le domaine portuaire français en termes de digitalisation?
H.C.: Il est en retard par rapport à d’autres secteurs économiques. Les objets vont être de plus en plus connectés. La normalisation et la standardisation sont des clés pour optimiser les investissements. Le port du futur, c’est aussi l’automatisation avec un PCS de plus en plus communicant, ouvert, interopérable et intelligent.
Soget
53 places (ports maritimes, fluviaux, aéroports, postes frontières) équipées dont 21 en France
25 000 utilisateurs quotidiens
2/3 du commerce extérieur de la France traité
328,7 Mt de fret maritime traité dont 12,15 MEVP et 0,5 million véhicules/an
Un chiffre d’affaires de 11,54 M€ en 2018
100 employés