« Une nouvelle ère s’ouvre pour la desserte des îles et l’avitaillement des futurs navires au gaz naturel liquéfié (GNL). L’alimentation de la Corse et de la Sardaigne, qui a un projet de terminal méthanier à Oristano, constitue une opportunité dans le paysage des approvisionnements qui s’esquisse. Déjà des camions-citernes chargés de GNL partent depuis Fos-Tonkin pour rejoindre la Sardaigne en ferry depuis le port de Livourne », explique Giuseppe Spotti. Le directeur de la stratégie, du développement et de la commercialisation d’Elengy a notamment pour mission d’accompagner la mutation du site qui, après réduction de la capacité de regazéification de 5 à 3 Gm3 par an depuis 2014, doit anticiper l’échéance du contrat d’approvisionnement en gaz algérien le 31 décembre 2020. Dans un contexte où le marché du GNL, présenté comme le carburant fossile le plus propre, se transforme complètement, Elengy saisit cette opportunité pour offrir une nouvelle vocation à son site entré en service en 1972.
Prêt en 2021?
En juin prochain, la filiale de GDF Suez annoncera les résultats de l’appel à manifestation d’intérêt pour exploiter les 3 Gm3/ an de capacité du site.
« À l’issue de la procédure cet été, deux scénarios sont possibles. Soit aucun client ne répond et c’est la fin d’un cycle industriel, soit des clients amènent la molécule et nous pouvons alors envisager d’effectuer du soutage à Tonkin », détaille Mathieu Stortz, directeur des terminaux de Fos, dont l’objectif est de développer l’activité « small scale », orientée vers les clients régionaux.
Ainsi, Elengy entrevoit Tonkin, dès 2021, comme une station d’avitaillement des ferries et porte-conteneurs croisant en Méditerranée. « Cinq porte-conteneurs de CMA CGM dotés de réservoirs de 13 000 m3 pourraient venir souter à Marseille », souligne Mathieu Stortz. Le paquebot AidaNova qui s’avitaille à Barcelone, sera rejoint en novembre par le Costa Smeralda.
« Nous avons réalisé des millions d’euros investissements pour ne pas être un point bloquant dans le système. Nous collaborons avec les ports de Marseille-Fos, Toulon, Nice et avec les armateurs », appuie le directeur des terminaux phocéens, qui se donne un objectif d’avitaillement de deux à trois navires par mois. Reste à sécuriser un écosystème avec un ou des armateurs, un fournisseur d’énergie et des investisseurs capables de faire construire ou transformer un navire en souteur au GNL. « Le marché n’étant pas encore mature, nous devons construire une chaîne qui passe par des infrastructures. Nous avons fait notre part mais à ce jour rien n’est signé. J’ai la ferme conviction que cette filière va se développer », assure Giuseppe Spotti.
Au 1er janvier 2019, la filiale à 100 % de GRTgaz au sein d’Engie possédait 410 000 m3 de stockage sur les deux terminaux de Fos pour une capacité de regazéification de 11,25 Gm3 et le chargement de 8 275 camions-citernes.