En 2018, Rouen a traité 23 Mt d’origine maritime et 4,5 Mt via le fleuve. Pourtant placé dans un contexte social difficile, le rail a enregistré une progression de 34,5 % de ses acheminements terrestres liés à l’activité portuaire rouennaise. Ceux-ci ont totalisé 1,43 Mt, soit une part de 6,3 % dans le report modal du trafic maritime. « Actuellement, 80 trains de fret desservent les terminaux portuaires rouennais chaque semaine », indique Emmanuelle Saura, directrice de SNCF Réseau Normandie. Cette masse de fret ferroviaire a été largement alimentée pour plus de moitié (54 %) par le pré-acheminement des céréales (772 000 t). Le rail a aussi capté 508 000 t d’autres vracs solides et 150 000 t de vracs liquides. Il a réalisé de belles prestations dans les produits métallurgiques, l’établissement Vallourec de Déville-lès-Rouen intervenant comme Opérateur ferroviaire portuaire (OFP). Mais aussi pour le sucre, la ligne Étrépagny-Pont de l’Arche étant entièrement rénovée pour assurer les expéditions de l’usine Saint-Louis vers le silo Robust, galvanisé par la libéralisation du marché mondial de la filière betterave-sucre (suppression des quotas sucriers européens).
22 wagons citernes
Le principal utilisateur du réseau ferroviaire portuaire rouennais (134 km de voies gérées par le GPMR) reste toutefois le groupe Sénalia, qui a réceptionné 572 000 t de céréales sur ses trois terminaux locaux. « Sur la campagne 2017-2018, nous avons exporté 4,2 Mt et la part du rail dans l’approvisionnement de nos silos s’est établie à 15 %, gagnant 5 points », souligne Gilles Kindelberger, son directeur général. « Nous avons loué une rame de 22 wagons citernes pour une capacité de 1 300 t. Nous la faisons circuler trois fois par semaine sur l’itinéraire Châlons-en-Champagne-Amiens-Rouen en maximisant les points de collecte programmés dans les organismes stockeurs embranchés sur le parcours. La traction est assurée par la franco-belge Lineas. Cette mutualisation a permis de baisser de 15 % le coût d’approche ferroviaire. Nous pouvons engager une seconde rame si besoin ». Cerise sur le gâteau, le partenariat avec Panzani, qui pourrait être renforcé, permet de charger du fret retour entre Rouen et Gennevilliers (70 000 t/an de blé dur actuellement).
En revanche, les trains venant du Sud du vaste hinterland céréalier rouennais passent par Paris. Il faudrait rouvrir à la circulation les 50 km de ligne existante entre Évreux et Rouen pour établir « la route du blé » directe entre Orléans, Chartres et Rouen, plaide Gilles Kindelberger.
Sans pour autant mettre tous ses œufs dans le même panier ferroviaire puisque Sénalia a aussi investi « significativement » dans des appontements lui permettant de décharger 12 500 t/jour de céréales glanées au fil de la Seine, l’Oise, la Marne et l’Yonne. Sur la dernière campagne, la part du fluvial a d’ailleurs progressé de 5 points, à 31 %. En la matière, les vœux des opérateurs de silos céréaliers vont vers une mise au grand gabarit de la Seine le plus possible vers l’Est pour une massification accrue avec la Champagne puis la Bourgogne.