À l’origine simple partenariat entre Marseille-Fos et huit ports fluviaux du bassin rhodanien, Medlink Ports s’est depuis transformée en association, œuvrant pour le report modal et le développement d’un écosystème portuaire cohérent le long de l’axe Rhône-Saône-Méditerranée. L’adhésion du port de Toulon, actée en février 2019, élargit la façade maritime de l’association, qui s’était déjà ouverte vers l’ouest en 2012 lorsque Sète avait rejoint Medlink Ports. À la différence qu’il ne s’agit pas, cette fois, d’un port fluvial: les connexions de Toulon avec son hinterland sont routières ou ferroviaires mais il constitue une des portes d’entrée de la vallée du Rhône. Il s’agit d’un tournant pour l’association présidée par Jean-Claude Gayssot (par ailleurs président du directoire du port de Sète), qui avait déjà ouvert ses rangs à des transporteurs fluviaux et ferroviaires, des logisticiens et des chargeurs. SNCF Réseau a intégré l’association en février également, rejoignant ainsi les deux autres gestionnaires et aménageurs de réseau massifiés que sont VNF et la CNR. Puis ce fut au tour d’Armateurs de France et du port de Strasbourg de devenir en avril partenaires.
S’il reste au cœur de ses activités, le transport fluvial n’est donc plus le mode exclusif mis en avant par l’association. « L’objectif premier est que les ports fluviaux et les ports maritimes concernés jouent tous ensemble la carte du report modal et d’un développement tourné à la fois vers l’Europe et vers la Méditerranée, explique Fabienne Margail, cheffe du département hinterland du Grand Port maritime de Marseille, depuis le 1er mars 2019, déléguée générale de Medlink Ports. L’idée est de valoriser la complémentarité, le fer et le fleuve offrant une alternative inland massifiée complète. Le fluvial conserve la priorité sur l’axe Rhône-Saône, mais les chargeurs demandant une palette d’offres à disposition, il est plus attractif de proposer les deux modes massifiés. Le ferroviaire peut aussi être utile pour sécuriser les trafics fluviaux en cas de problème de navigation sur le Rhône ou la Saône, de la même façon que le fluvial peut suppléer au ferroviaire si ce mode rencontre des perturbations ».
Le rail pour la longue portée
Même si peu d’exemples existent, les deux modes peuvent aussi être un prolongement l’un de l’autre, avec un tronçon fluvial jusqu’à Lyon ou un port de la Saône, le ferroviaire prenant le relais plus au Nord pour étendre vers l’Alsace, la Suisse ou le Sud de l’Allemagne l’hinterland des ports de la façade méditerranéenne française.
Développement des trafics fluviaux sur le Rhône et la Saône, accroissement du report modal, mise en place de services pour faciliter la chaîne logistique massifiée de bout en bout, mutualisation des moyens pour la promotion du système portuaire d’accès à l’Europe par le Sud: les objectifs de Medlink Ports restent inchangés. L’association rejoint en cela les ambitions de Via Marseille Fos, qui lui est antérieure. Les rayons d’action des deux structures sont toutefois différents: Medlink élargit la façade maritime de l’axe rhodanien et œuvre à coordonner une offre terrestre massifiée complète entre l’Europe et la Méditerranée quand Via Marseille Fos promeut la seule place portuaire marseillaise. « Medlink est décidé à faire du report modal l’enjeu majeur: de la route vers le fleuve et le rail, mais aussi du rail vers le fleuve et le canal », souligne Jean-Claude Gayssot. Via Marseille-Fos, de son côté, entend repousser les limites de l’hinterland de Marseille bien au-delà de la seule vallée du Rhône, en particulier grâce au ferroviaire: Toulouse, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Paris, ainsi que le Nord-Est de la France, la Suisse, le Sud de l’Allemagne… « Nous travaillons aussi au développement du fluvial et l’axe Méditerranée-Rhône-Saône reste privilégié mais il ne couvre pas tout notre hinterland, précise Marie-Hélène Pasquier, secrétaire générale de l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos. Il ne faut pas se focaliser uniquement sur le Rhône et sur le fluvial, car le ferroviaire nous permet de viser plus large. L’Allemagne, par exemple, cherche une alternative face à l’encombrement des ports du Benelux, et pour cela Marseille est très bien placé pour les flux à destination de tout le bassin méditerranéen, pour lesquels nous offrons grâce au ferroviaire un transit-time très intéressant ».
Pas clair
Via Marseille Fos et Medlink Ports poursuivent leur montée en charge, partagent un même mode de fonctionnement coopératif et des objectifs voisins. Pour autant, le dialogue entre les deux associations ne semble pas encore avoir eu lieu.
« L’articulation entre les deux structures n’est pas encore claire, reconnaît Marie-Hélène Pasquier. Via Marseille Fos n’est pas membre de Medlink, mais certains de nos adhérents en sont aussi membres ».
« Il n’y a pas encore eu formalisation d’une réflexion commune aux deux instances », confirme Fabienne Margail, qui précise cependant que sont déjà mises en place « des coopérations sur le volet promotionnel à l’international, pour jouer à plein la carte du range Sud ».
Pour les ports de l’axe Rhône-Saône-Méditerranée, contrairement à ceux de la vallée de la Seine, aucune fusion n’est annoncée ou même envisagée. Mais la promotion des plateformes portuaires maritimes et intérieures bat son plein. Reste à contaminer les ports…