Les installations terminales embranchées (ITE), qu’elles soient situées dans les usines, les carrières ou les silos céréaliers, sont des maillons essentiels du transport par rail, puisque 80 % du fret ferroviaire en sont issus. On manque pourtant de données sur le sujet et le nombre en France est estimé à 1 153 par SNCF Réseau. C’est pourquoi le Cerema, Centre public d’étude technique, a créé une base de données, qui a été présentée le 28 mars 2019 lors de la SITL.
Répartition sur le territoire, état des voies, tonnages émis et reçus, perspectives de trafic de la part des chargeurs…, l’organisme a passé au crible 2 335 ITE sur les 2 800 réparties à travers la France. « Notre estimation est différente de celle fournie par SNCF Réseau, car les ports ou les zones d’activité peuvent avoir des ITE sous-embranchées sur leur propre réseau », précise Alexis Vernier, ingénieur d’études au Cerema. Sur les 2 335 ITE étudiées, seules 844 sont utilisées. 329 ITE inutilisées sont pourtant en bon état, alors que 593 sont en mauvais état et 569 sont déclarées carrément hors d’usage par leur propriétaire. Parmi celles qui sont utilisées, 62 % le sont avec des trains complets mais seules 27 % voient passer au moins un train par jour.
Trafic concentré sur 32 ITE
Le trafic est ainsi très concentré sur un petit nombre d’ITE, puisque 32 d’entre elles voient passer autant de trafic que les 812 autres. Les ports sont parmi les sites concentrant les installations ferroviaires les plus fréquentées: le seul site du GPM de Rouen, par exemple, voit passer 1,6 Mt de fret sur 32 ITE.
La cartographie établie par le Cerema sera consultable sur son site web à partir de mai prochain, avec anonymisation des statistiques. « On pourra y voir les emplacements des ITE avec les types de marchandises reçues et émises, mais pas le tonnage », indique Alexis Vernier, qui estime que « cette base permettra de déterminer les sites ayant du potentiel, et d’anticiper les hausses et baisses de trafic prévues région par région ».
SNCF Réseau, qui aura investi 213 M€ entre 2015 et 2020 sur les 9 000 km de lignes ferroviaires capillaires, est aussi engagé dans un programme de remise à niveau ou en service des ITE. Arnaud Sohier, directeur commercial de SCNF Réseau, se voit comme le « premier utilisateur de cette base de données, dont nous tirerons des enseignements utiles ». Pour le directeur de la compagnie ferroviaire VFLI, elle constitue « un outil qui peut nous aider à développer du trafic sur des ITE qui n’en ont plus ».