La Bolivie boude le Chili et se rapproche du Pérou

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Les relations restent tendues entre la Bolivie et le Chili. Le recours formé par la première auprès de la Cour internationale de justice de La Haye n’a pas abouti, la Cour se refusant à contraindre le Chili à accorder un territoire souverain à la Bolivie. Jusqu’à présent, les échanges de la Bolivie, enclavée avec le reste de la planète, se font en partie par les canaux amazoniens et le Parana, et surtout par Arica. Le port du Nord du Chili est le principal débouché bolivien sur la mer et voit passer 4 Mt de marchandises par an. Mais, aux tensions diplomatiques entre les deux pays (les relations sont rompues depuis 1978), s’ajoutent celles liées aux dysfonctionnements d’Arica. La Bolivie lui reproche les retards répétés dans la manutention de ses marchandises et le préjudice économique qui en découle pour son commerce extérieur.

Au vu de la situation, la Bolivie a décidé de se tourner vers le Pérou et de ressortir des tiroirs, où il avait été oublié, un traité signé en 1992, par lequel le Pérou concédait à la Bolivie, pour 99 ans, une frange littorale de 5 km de long et 1 km de large sur sa côte Sud, à proximité du port d’Ilo. Elle n’a jamais reçu aucune des infrastructures prévues (y aménager un terminal, par exemple).

Union sacrée

Mais les choses bougent à nouveau. Le pays perché dans les Andes compte transférer une partie de sa charge d’Arica à Ilo et doubler dès cette année, voire tripler, son trafic (30 000 t en 2018) transitant par le port Sud du Pérou. Le gouvernement bolivien a annoncé l’exportation de 40 000 t de quinoa destinées à la Chine à partir d’Ilo en 2019. Et il y a aussi potentiellement tous les précieux minéraux dont regorge le sous-sol bolivien: étain, argent, cuivre, zinc, fer, anti-moine, tungstène, lithium… Ces 15 dernières années, leur exploitation, reprise en main par l’État, a été multipliée par plus de 10 en valeur, et leurs exportations par 12.

En contrepartie, le port d’Ilo et le gouvernement péruvien s’engagent à réaliser les aménagements nécessaires. Les objectifs sont clairement mentionnés par le Cabinet binational Pérou-Bolivie. Parmi les 40 points du programme, trois concernent le port d’Ilo et la coopération entre l’Entreprise nationale des ports (Enapu) au Pérou et l’administration de services portuaires en Bolivie.

En fin d’année, l’Enapu a passé un accord avec la Chambre nationale des exportateurs boliviens pour sécuriser les exportations boliviennes à partir du Pérou, échanger des informations (statistiques, techniques, tarifaires…) et penser des stratégies commerciales communes. L’entreprise nationale s’est aussi engagée sur une réduction des tarifs portuaires de 30 % et une offre de stockage gratuite pendant 90 jours.

Un corridor bi-océanique

Le projet d’un corridor ferroviaire (CFI) est à l’étude pour relier les ports de l’Atlantique et du Pacifique, de Santos à Ilo. Il intéresse aussi le Paraguay et l’Uruguay, qui pourraient s’y connecter par des embranchements ferroviaires reliés à l’hydrovoie Paraguay-Parana. Surtout, il tient soigneusement le Chili à l’écart… En raison de ses difficultés techniques (3 744 km à travers les Andes à une altitude moyenne de 4 000 m) et de son coût faramineux (14 Md$), il ne fait l’objet d’aucun calendrier.

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