Les porte-conteneurs présentant des capacités qui vont de 15 000 à 22 500 EVP, les opérateurs de terminaux portuaires sont dans l’obligation d’accélérer les opérations de manutention, tant au déchargement qu’au chargement. Du concept « twin lift » – manutention simultanée de deux conteneurs de 20 EVP – des terminaux adoptent progressivement la technique du « tandem lift », qui consiste à manutentionner simultanément deux conteneurs de 40 EVP ou quatre de 20 EVP. Ce genre d’équipement devient indispensable, car des escales de super ULCS (Ultra Large Container Ships) se traduisent aujourd’hui, pour certains terminaux en Europe du Nord, par des opérations portant sur 7 000 à 8 000 EVP. Cette technique est notamment en application sur le nouveau terminal ultra automatisé d’APM Terminals (Maersk) de Maasvlaakte à Rotterdam.
Au Havre, le tandem lift est également en vigueur à Port 2000. Ainsi, l’installation GMP (Générale de manutention portuaire), une joint-venture de Dubai Ports World et de Terminal Link (CMA CGM/China Merchant Holding), va réceptionner à son Terminal de France, à l’embouchure de la Seine, quatre super-portiques que livrera le constructeur chinois ZPMC. Ils seront équipés de « Ramspreader », qui doivent permettre cette manutention.
À Dunkerque, le grand terminal des Flandres s’en tient pour le moment à la technique du « twin lift ». Le volume de trafic (420 000 EVP estimés pour 2018) n’est pas suffisant. Sur les six portiques alignés sur le quai, quatre sont aptes à traiter des navires de 18 à 20 000 EVP et un des ULCS de 23 000 EVP. Les choses pourraient évoluer en 2020 lorsque deux mega-portiques commandés en Chine seront opérationnels et à l’échelle des ULCS de 23 000 EVP.
« Triple lift », bientôt?
DPW, qui gère le terminal à marée Antwerp Gateway au Deurganckdok à Anvers, dispose de portiques dont certains ont ce type de « Ramspreader ». Toujours à Anvers, le grand terminal MPET (MSC/PSA) pratique ce genre de manutention avec 13 de ses 41 portiques. De son côté, PSA qui exploite deux terminaux à marée sur la rive droite de l’Escaut, pratique également le « tandem lift » au Noordzeeterminal, où huit de ses 12 portiques sont équipés de ces spreaders. Dans le cas du grand terminal CSP Zeebrugge, les sept portiques actuels ne sont pas adaptés pour cette technique. Le volume de trafic (407 000 EVP en 2018) ne justifie pas en effet cette évolution. Mais les portiques, que l’opérateur CoscoSP pourrait installer au regard des ambitions qu’il manifeste, changeraient alors la donne.
Ce genre de manutention n’est pas constant, lors d’une escale. Tout dépend du positionnement des boîtes en pontée ou dans les cellules, en fonction des volumes destinés aux différents ports à toucher.
À quand le « triple lift » – 3 conteneurs de 40 ou 6 de 20 EVP simultanément – sur des terminaux européens? D’ores et déjà cette pratique est testée en Chine. Des opérateurs de terminaux européens s’y intéressent tout en s’interrogeant sur l’aspect pratique d’un tel système, notamment sur le plan de la logistique sur site.