C’est bien connu, le rail ne serait pertinent qu’à compter de 500 km, disent les experts. Pourtant, Perrier exploite depuis septembre un train sur une petite centaine de kilomètres séparant Vergèze, où se trouvent la source et l’usine d’embouteillage, de Fos-sur-Mer. L’herbe a poussé sur les voies ferrées dans les années 2000. La flexibilité et la rapidité du camion, d’un côté, et l’arrêt du wagon isolé par Fret SNCF en 2007, de l’autre, ont relégué les embranchements ferroviaires particuliers au rang de vestiges du passé industriel.
« La remise en service de cette ligne datant de 1908 est un élément-clé de la réussite de Perrier Cap 2020, qui est l’un des plus gros projets industriels de Nestlé Waters dans le monde avec plus de 200 M€ d’investissements dans les nouvelles technologies, la création de nouvelles lignes d’embouteillage et une nouvelle plateforme logistique », expliquait Henrick Gottenbarm, président de Nestlé Waters Europe, à l’occasion de l’inauguration de la ligne Vergèze-Fos de Perrier le 17 octobre.
Il aura fallu près de deux années aux équipes de Perrier pour que ce projet baptisé « Ballast » se concrétise et permette l’évacuation d’eau pétillante par train depuis l’usine d’embouteillage de Vergèze jusqu’au port de Fos. 2 M€ auront été nécessaires pour remettre les installations à niveau. « Pour être pertinente, cette ligne doit générer de gros volumes et être fiable », avance Jean-François Lagane, responsable du transport ferroviaire, chargé du projet. Et pour le coup, les volumes sont au rendez-vous. Depuis 2014, la production a bondi de 40 % et devrait s’établir à 1,6 milliard d’unités (bouteilles, canettes…) en 2018 pour atteindre les 2 milliards en 2020. Ce sont ainsi 13 500 conteneurs par an qui vont basculer de la route vers le rail, soit 27 000 trajets en moins de poids lourds sur l’A9.
5 rotations
La traction des trains (à motricité électrique) de 54 conteneurs 40 pieds high cube a été confiée à Regiorail sélectionné aux termes d’un appel d’offres auquel la plupart des opérateurs ferroviaires ont répondu (RDT13, Fret SNCF, Europorte, ECR..). Ce service assurera cinq rotations hebdomadaires. « 30 destinés à Eurofos (chargés sur MSC, Maersk) et 24 chez Seayard (Eurofos, CMA CGM, Hapag-Lloyd) », précise Thibaut San Galli, responsable transport maritime de Nestlé Waters, qui imagine à terme « un train de plus par semaine voire davantage ». Ainsi Perrier répartit la totalité de ses volumes entre quatre compagnies MSC, Maersk, CMA CGM et Hapag-Lloyd. Quatre armateurs pour une seule et même destination: les États-Unis. « Sur 90 conteneurs qui sortent chaque jour de l’usine Perrier, 70 conteneurs sont exportés vers les États-Unis, 54 conteneurs acheminés par le rail et 16 par la route », complète Jean-François Lagane.
D’autres évolutions pourraient intervenir dans les mois qui viennent concernant à la fois Perrier et d’autres chargeurs clients du port, où la part des pré et post acheminements ferroviaires a progressé de 14 % en 2017. Pour fluidifier les trafics ferroviaires dans les bassins Ouest, Marseille-Fos a nommé un coordinateur et organise tous les deux mois des ateliers de concertation ferroviaire.