Avec l’augmentation de la taille des navires, le nombre de ports d’escale diminue-t-il? Dit autrement, plus le navire est grand, moins il y a d’escales? « Pas vraiment, répond Dynamar dans son dernier rapport sur le transbordement et le feedering (Transhipment and Feedering, 2018). L’étude a le mérite de qualifier et quantifier une activité sur laquelle il n’existe pas de « statistiques pertinentes », si bien qu’on parle même de conteneurs « invisibles ».
Le consultant note qu’un nombre toujours plus important de feeders essaiment sur les lignes principales et dont les capacités augmentent également quand les ports de transbordement le permettent.
On y apprend que 124 armateurs opèrent en tant qu’exploitants de feeders (selon la classification, de 1 000 à 2 750 EVP), déployant ainsi une capacité commerciale annuelle de 16 MEVP. Treize d’entre eux déploient les plus grands feeders, dont X-Press Feeders, le troisième opérateur mondial de feeders. Quatre autres, CMA CGM, Maersk Line, Pil et Zim, exploitent leurs activités de feedering sous des marques distinctes.
Capacité et taille
Selon le consultant, les feeders seraient particulièrement « actifs » sur l’Asie du Nord-Est et du Sud-Est, l’Europe du Nord, la Méditerranée, le sous-continent indien, le Moyen-Orient, l’Amérique latine et l’Afrique subsaharienne. L’Extrême-Orient voit ainsi transiter 371 rotations de navires feeder par semaine quand l’Europe et la Méditerranée sont desservies par 284 rotations hebdomadaires.
Plus globalement, ils représentent un trafic de 24 MEVP pour la vingtaine de ports de transbordement mondiaux, Freeport (Bahamas) et Marsaxlokkk (Malte), et Singapour parmi les premiers. On ne trouve que deux ports de ce type en Europe du Nord: Bremerhaven et Wilhelmshaven/JadeWeserPort.
« L’adage selon lequel la capacité d’un port, plus que la taille du navire de la ligne régulière, détermine la taille du feeder, est toujours vrai », résume le consultant. Pour rester dans la course, les ports secondaires, menacés d’exclusion par le gigantisme des navires et l’organisation en hub, ont dû mettre la main au portefeuille. Du coup, les unités affectées au feedering, elles aussi, ont vu leur taille progresser. Ainsi les unités de 700 EVP il y a dix ans affichent-elles désormais une capacité de 1 300 EVP. Exception, MSC a utilisé un navire de 10 000 EVP comme feeder pour la Baltique orientale.
Dans le secteur des méga-carriers, le premier porte-conteneurs au monde dit « géant » affichait il y a dix ans une capacité de 15 600 EVP (c’était l’Emma-Maersk). Actuellement, 622 navires d’une capacité unitaire jusqu’à 23 500 EVP sont en service ou figurent dans les carnets de commande.