Arrivé la veille de Shanghai au terme d’un voyage de 37 jours, le dernier-né de CMA CGM a été inauguré le 6 septembre 2018 au Havre, en présence du PDG de l’armement, Rodolphe Saadé, ainsi que du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, et de la ministre en charge des Transports, Élisabeth Borne. Avec ses 400 m de long, 59 m de large et 16 m de tirant d’eau pour une capacité de 20 954 EVP, le nouveau navire amiral de la flotte est le plus grand navire battant pavillon français, et rate de moins de 500 EVP le rang de plus gros porte-conteneurs du monde.
Au premier coup d’oeil, rien ne distingue le Saint-Exupéry des autres gros navires du 4e armement mondial. Il faudrait, pour mesurer son surplus de capacité, compter les 12 hauteurs de conteneurs en cale et 11 en pontée, avec 23 boîtes de front. C’est surtout à la passerelle, sous la coque et en salle des machines que se situent les différences. Le navire a été conçu pour optimiser la consommation de carburant selon l’armement, qui annonce des émissions de CO2 limitées à 32 g par EVP et kilomètre à une vitesse de croisière de 18 noeuds, soit 14 % de moins que les navires de la génération précédente, lancée il y a seulement deux ans. La capacité d’emport y joue un rôle, mais la forme de la coque et du bulbe ont aussi été optimisées, ainsi que celle de l’hélice, devant laquelle ont été placées des pales fixes. Le tout permet une réduction de 4 % de la consommation du moteur, imposant avec ses 21 m de long et ses 11 cylindres d’un mètre de diamètre.
Modèle réduit
Les innovations mises en oeuvre à bord ne se limitent pas à la gigantesque salle des machines, mais sont aussi bien présentes à la passerelle, où les processus d’aide à la décision ont été améliorés. Les officiers y bénéficient d’une connexion permanente avec le Fleet Center de Marseille, pour obtenir un routage météo qui permet, entre autres, de réduire la consommation en adoptant l’itinéraire le plus favorable.
Pour les manoeuvres de quai, une très haute précision du GPS est de mise au regard des normes du navire. La sécurité à bord bénéficie aussi du système Octopus. En entrée, les données sont fournies par la météo prévisionnelle, la météo réelle relevée par l’équipage et l’accéléromètre dont est équipée la passerelle. Le système prédit les mouvements du navire en temps réel.
Des séances de formation spécifiques à la conduite ont aussi été mises en place par CMA CGM. C’est sur un lac polonais, à Ilawa, que les officiers supérieurs de pont s’exercent avec un modèle réduit du navire mesurant 6 m de long. L’ensemble des officiers s’entraînent aussi sur un simulateur qui reproduit avec force détails les situations de navigation les plus difficiles (manoeuvres délicates, vents violents, pannes en tous genres, etc.) dans un environnement fidèle à celui des ports existants. Les officiers machine, quant à eux, bénéficient de formations dispensées en Suisse par Wärtsilä, le fabricant du moteur, pour se familiariser avec le tout nouveau WIN GD 11X92 d’une puissance de 67 430 kW.