Eurofos ou Seayard? Les lignes maritimes ou les horaires ne sont plus les seuls critères qui guident le choix des transitaires, logisticiens et chargeurs. Les systèmes de rendez-vous fixés par les manutentionnaires aux transporteurs routiers influent également dans leur décision. A fortiori depuis le 12 juin, jour de l’introduction de nouvelles règles de fonctionnement chez Eurofos.
Pour sanctionner les abus à la fois dans la prise de rendez-vous des transporteurs, les retards, Eurofos a déployé un arsenal de mesures. Cette décision prise au lendemain d’une réunion en mai fédérant les organisations professionnelles, Eurofos et le Grand Port maritime de Marseille-Fos a eu des effets immédiats. La capacité d’accueil des poids lourds d’Eurofos passant de 80 à 100 rendez-vous à l’heure. Les rendez-vous non honorés par les transporteurs routiers (au-delà de 5 %) sont sanctionnés par une amende et la marge de tolérance a fondu de quatre à une heure.
Certes, elle a fait gagner le terminal en fluidité mais cette rigueur a eu pour effet de faire basculer une partie des flux chez Seayard. À l’exemple du fabricant d’alumine Alteo ou de Logistique Transit Martin. « Nous avons mis davantage de volumes chez Seayard pour équilibrer les trafics car nous avons eu trop de problèmes ces derniers mois. Tous les chargeurs et transitaires fonctionnent de la même façon et veillent à répartir les flux sur les deux terminaux. Tout le monde garde en mémoire les engorgements importants du début de l’année », observe la représentante de l’AUTF en Paca, Carole Rongier, également responsable logistique d’Alteo Alumina qui exporte 7 000 EVP par an.
Cependant, Seayard rencontre aussi des difficultés avec des temps d’attente importants. « Ils font preuve de plus de tolérance. Le nouveau système d’Eurofos pénalise les entreprises qui travaillent à proximité. Auparavant, il était difficile d’obtenir un rendez-vous sous 24 heures chez Eurofos mais depuis les choses ont favorablement évolué ».
Gate infranchissable
« Lors des négociations en début d’année, nous avons basculé chez Seayard », admet Aurore Turrini, responsable d’exploitation de TLM. En début d’année, les camions étaient contraints d’attendre des heures auparavant pour parcourir les deux petits kilomètres qui séparent l’entrepôt TLM des navires. Impossible de franchir la « gate » du terminal d’Eurofos sans rendez-vous préalable ce qui n’est pas le cas chez le manutentionnaire voisin.
« Chez nous, la prise de rendez-vous est facultative. 35 à 40 % l’utilisent et sont donc prioritaires avec un temps de passage de 15 à 18 minutes. Sans rendez-vous, le temps de passage moyen se situe à 32 minutes. Nous avons une tolérance de trois heures sur les rendez-vous. Nous n’avons quasiment pas de no show. Les transporteurs nous apprécient », détaille le président de Seayard, Jakob Sidenius.
Eurofos et Seayard ont donc chacun une gestion différente des rendez-vous avec les transporteurs routiers chargés d’acheminer des boîtes pleines et de sortir des vides de l’enceinte portuaire ou l’inverse. « Chaque chauffeur effectue 1,34 mission en moyenne chez Seayard, c’est-à-dire le nombre de conteneurs chargés et déchargés lors de leur passage sur le terminal », précise Jakob Sidenius.
S’il semble complexe de trouver un modèle de fonctionnement idéal, le nouveau module Ci5 pourrait apporter de l’huile dans les rouages. Dédié aux transporteurs routiers, ce module qui sera livré en 2019 permettra aux chauffeurs de connaître en temps réel l’état du trafic routier et de la météo sur les terminaux, d’être informés des grèves et donc d’anticiper.