Les nouveaux business de CMA CGM

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Depuis 12 ans, CMA CGM occupe le trio de tête des armements mondiaux. Une prouesse à ce stade de la compétition. « En termes de rentabilité, il a fait mieux que ses concurrents ces cinq dernières années », observe Pierre Cariou, professeur à Kedge Business School . 40 ans que Jacques Saadé innove, teste, se risquant même à commander en avril dernier 9 porte-conteneurs géants au GNL. « Il fallait le faire pour avoir un retour d’expérience », ajoute le professeur d’économie maritime. Il réalise un coup de maître en s’associant avec Cosco. Au même moment, le président chinois, Xi Jinping, lance le plus grand programme au monde d’investissement dans les infrastructures. Mille milliards de dollars sont programmés dans le cadre des Routes de la Soie. « La Chine a été le moteur de la croissance. Jacques Saadé a une approche pragmatique en se basant sur des compétences en Chine », analyse le professeur.

« Il touchait à tout, se donnait un droit à l’essai. Comme par exemple le lancement de conteneurs au plancher en bambous et la création d’un fleet center », explique Paul Tourret, directeur de l’Isemar. Des succès et des échecs parfois. Greenmodal Transport, sa filiale multimodale couteau suisse, perd de l’argent depuis plusieurs années. En 2016, il vend l’activité transport routier de conteneurs à Jacky Perrenot et cède les activités fluviales et ferroviaires au groupe Charles André.

De 0 à 50 %

Avec la multiplication des opérations de croissance externe (APL, Nol), chaque entreprise possédant son propre système informatique, ses fournisseurs, CMA CGM a entamé une remise à plat de son organisation afin de bâtir une architecture homogène et faire communiquer les différents systèmes. Quand Maersk signe avec IBM, CMA CGM s’appuie sur le groupe indien Infosys avec mission d’innover. En seulement cinq ans, CMA CGM est passée de 0 à 50 % de booking effectués sur internet. Le site web permettant d’effectuer une réservation pour un transport sur un horaire donné. À travers l’e-commerce, la compagnie maritime entend renouveler l’expérience client et améliorer sa rentabilité. Une application, « Lisa », est actuellement en cours de développement pour un déploiement prévu entre 2018 et 2019. Elle devrait contribuer à mieux maîtriser la donnée client, enjeux pour les années à venir.

À l’ère des start-up

Cette logique d’innovation se ressent également à travers les engagements dans des start-up et l’investissement dans la création d’un incubateur international, Ze Box. Ce dernier verra le jour en septembre prochain dans l’ancien siège de la compagnie publique SNCM. Les start-up bénéficieront de 1 000 m2 de bureaux au premier étage. CMA CGM a pris une participation au capital de Traxens afin de financer la R& D sur le monitoring des conteneurs. Jacques Saadé a du flair certes, mais il marche aussi à l’affect. Quand le Libanais Michel Fallah fonde Traxens à Marseille et le sollicite, il le suit. « Avec cette technologie, CMA CGM fait entrer le shipping dans une nouvelle ère. Dans un monde où l’information est clé, nous prenons une longueur d’avance significative », déclarait en 2015 Elie Zeenny, directeur central groupe des systèmes d’information. CMA CGM se projette désormais dans le « machine learning ». En juin 2018, un accord a été passé avec Shone, start-up californienne pour insuffler de l’intelligence artificielle au maritime.

De la vitesse et du sur mesure

En parallèle, CMA CGM s’intéresse de près à la logistique et acquiert un quart du capital de Ceva. Cette acquisition témoigne d’une volonté de proposer aux clients des prestations de logistique en investissant les entrepôts. Si Maersk internalise cette activité avec Damco, la compagnie française s’appuie sur l’expertise reconnue de Ceva en particulier aux États-Unis et en Asie pour se renforcer dans les opérations de transit. CMA CGM veut relever à présent un double défi, la vitesse et le service sur-mesure. « Jacques Saadé avait une intrépidité intelligente », confie Me Marc-Michel Leroux. Celui qui fut un de ses plus proches avocats partageait à ses côtés la promenade du dimanche matin au parc Borely.

Deuil maritime

Les obsèques religieuses de Jacques Saadé ont été célébrées selon le rite orthodoxe à Marseille le 29 juin en la cathédrale de la Major, en présence de quelque 4 000 personnes, dont les ministres français des Transports et des Affaires étrangères, Élisabeth Borne et Jean-Yves Le Drian mais aussi des patrons d’armement (MSC, Hapag-Lloyd, Maersk Line…) et des opérateurs portuaires.

À l’issue de la cérémonie ont retenti les cornes de brume des CMA Marco-Polo, Leo et APL Gwangyang, Aknoul et Mont-Ventoux, positionnés en rade de Marseille, pavois noir hissé en guise de « deuil maritime ».

CMA CGM: un empire maritime français

Le groupe fondé par Jacques Saadé, qui a 40 ans cette année, exploite 445 navires et dessert plus de 420 ports. En 2017, la société a réalisé un chiffre d’affaire de 21 Md$ (18 Md€) en hausse de 32 % avec un résultat net de 701 M$ (602 M€), après une perte en 2016 de 388 M€. Les volumes transportés étaient en progression de 21,1 %, soit près de 19 MEVP. L’armateur emploie plus de 29 000 personnes dont 2 400 à Marseille où est implanté son siège social, l’emblématique « Tour » de 147 m dessinée par l’architecte anglo-irakienne (défunte) Zaha Hadid.

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