Le projet de canal à grand gabarit Seine-Nord Europe (SNE) doit relier Compiègne, dans l’Oise, à Aubencheul-au-Bac, dans le Nord. C’est la partie française de la liaison fluviale Seine-Escaut entre le grand bassin parisien et les pays du Nord de l’Europe. Il a naturellement été évoqué à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle de l’association Seine-Nord Europe (ASNE). Pour Philippe Marini, président de l’ASNE, le projet s’est « bien sorti » de la « pause » annoncée par le gouvernement en juillet 2017 « grâce à la prise de conscience et à la mobilisation des acteurs concernés, orchestrées par le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et l’aboutissement à un point d’équilibre avec l’État ».
Il reste beaucoup à faire, a poursuivi Philippe Marini, sur deux points. Le premier concerne la loi d’orientation sur les mobilités « qui devra traiter sur le fond de la priorité de Seine-Nord Europe ». Le second porte sur le plan de financement « pour lequel il faudra être vigilant sur la loi de finances 2019 ». La solution reste à trouver pour la ressource à créer concernant l’emprunt d’un montant de 776 M€. Les collectivités territoriales se sont engagées à garantir l’emprunt mais les négociations sont toujours en cours avec l’État quant aux recettes qui permettront de le rembourser. « Nous ne voulons pas d’une taxe régionale même si trois régions sont concernées. Le canal Seine-Nord Europe est un projet d’intérêt national et européen. Sur le financement et les recettes, un accord politique est là mais, pour le concret, il faut attendre la loi d’orientation sur les mobilités », a indiqué Franck Dhersin, vice-président du conseil régional des Hauts-de-France chargé des transports et des infrastructures de transport.
Entre Haropa et Norlink Ports?
Pour Franck Dhersin, le GPM du Havre et le GPM de Dunkerque n’ont que des avantages à tirer de SNE. « Une meilleure entente entre Haropa et Norlink Ports permettrait de récupérer des trafics qui échappent à la France. Mais il faut que nos ports soient compétitifs ». « Il y a des pistes de coopération entre les ports de la mer du Nord et de la Manche. C’est une démarche nouvelle de structuration », modère François Philizot, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine.
Jean-Louis Colson, chef d’unité « réseaux de transport » à la DG Move (Direction générale de la mobilité et des transports), insiste pour sa part sur l’importance pour l’UE de ce projet transfrontalier situé sur l’un des neuf corridors prioritaires, celui mer du Nord-Méditerranée. « La voie d’eau est fondamentale en termes de report modal et dans le contexte du défi climatique ». En termes de financement, il rappelle les possibilités offertes par le nouveau MIE 2021-2027. « Nous avons reçu des membres de la Commission européenne en mars qui font preuve de beaucoup de patience car SNE est l’infrastructure la plus importante pour l’UE », abonde Franck Dhersin. Bruxelles maintient en effet ses engagements malgré les atermoiements du gouvernement français.
Concrètement sur le terrain, des sondages de sols ont commencé en avril 2018. Des avis de marché de maîtrise d’œuvre sont lancés par la société de projet du canal SNE, chargée de la construction de l’ouvrage, qu’elle confiera ensuite à l’exploitant Voies navigables de France. Le premier coup de pioche pourrait avoir lieu en 2020 pour une mise en service en 2027.