Sur les trente dernières années, le PIB par habitant des États du Nord du Mexique a enregistré une croissance de 47 %. Dans le même temps, celui du Sud plafonnait à 7 %. C’est pour rééquilibrer les choses que l’(ex)-président mexicain Peña Nieto
Insuffisance de l’investissement public
Les premières ZEE ont été lancées fin 2017, les dernières en avril. Une huitième pourrait bientôt voir le jour. Leur mise en place s’accompagne du développement de nouvelles infrastructures, avec notamment du ferroviaire pour intégrer le Sud du pays au réseau existant. Et ainsi le connecter au centre et au nord, plus riches, ainsi qu’à la frontière avec les États-Unis. Aux abords des ports, l’exécutif s’est engagé à créer de nouveaux quais et terre-pleins, à investir dans l’outillage, à creuser les accès quand cela est nécessaire.
Les incitations à investir dans les ZEE portent sur différents avantages fiscaux: exonération de l’impôt sur les revenus et les bénéfices pendant 10 ans, aménagement de la TVA, abattement de 50 % des cotisations patronales… Mais déjà des voix s’élèvent pour dire que les efforts du pouvoir ne suffisent pas. Ainsi, les nouvelles infrastructures promises ne sont pas à la hauteur des besoins, regrettent des économistes mexicains.
« Les entreprises qui investissent ont besoin de stabilité, de paix sociale, d’un État de droit… Ce sont des éléments qui n’existent pas dans les différentes ZEE existantes », observe José Luis de la Cruz, directeur de l’IDIC, Institut de développement industriel et de croissance économique. Selon lui, il aurait fallu procéder par étapes, commencer par une seule ZEE et en créer progressivement d’autres. « En avoir ouvert autant joue contre elles… », explique-t-il.
Quant aux avantages fiscaux accordés, ils sont également jugés insuffisants. « Les investisseurs ont aussi besoin d’un cadre juridique et administratif et d’une véritable politique industrielle », plaident les experts.
Il existe à ce jour 300 ZEE dans le monde, principalement en Asie, Afrique de l’Ouest et du Nord et en Amérique latine. Plus de la moitié d’entre elles ont échoué. Seules 50 auraient véritablement atteint leurs objectifs. Pour celles-ci, la clé du succès résiderait dans « la continuité sur le long terme », soulignent les économistes, en l’occurrence 25 à 30 ans. Mais le Mexique n’a pas la même notion du temps. Ici, le long terme correspond plutôt à… une mandature, soit six ans.
* Le candidat de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador a emporté la présidentielle au Mexique le 1er juillet. À priori, il a confirmé la politique de son prédécesseur quant aux ZEE.