En 2017, l’économie mondiale a continué à subir les contrecoups de la crise économique. Malgré tout, les premiers signes d’un retour de la croissance ont émergé en fin d’année. « Il n’y a plus aucun doute, l’économie mondiale s’améliore », note Dynamar dans son rapport sur le marché du conventionnel et du colis lourd, paru en février 2018. Et il ajoute: « les perspectives pour les cinq prochaines années en termes de croissance du PIB et de croissance des flux n’ont jamais été aussi bonnes depuis 2008. Le conventionnel devrait sans aucun doute bénéficier de ce retour de croissance et voir les volumes progresser ». Un optimisme qui n’est pas partagé par tout le monde. Ian Matheson résume, dans le journal Heavyliftpfi, les perspectives du secteur du colis lourd d’une façon plus nuancée. Pour lui, « si les dirigeants de la filière ne peuvent pas savoir de quoi sera fait 2018, ils peuvent se focaliser sur ce qui pourrait survenir et les actions à apporter ». Comme le disait le consultant Peter Drucker, « faire des prévisions c’est comme conduire sur une route de campagne en pleine nuit sans feux et en regardant par le pare-brise arrière ».
Les différents dirigeants de la filière du colis lourd ne démentent pas que l’économie mondiale est revenue sur une tendance positive. Il reste que cette croissance ne portera pas ses fruits dans un futur proche pour certains. En effet, si les effets de la crise économique ont été décalés dans le colis lourd par rapport aux autres secteurs du monde maritime, le retour de la croissance ne se fera pas immédiatement. Dans le monde des commissionnaires en transport, Richard Jones, directeur de Röhlig, confirme cette vision d’une croissance lente. « La croissance est revenue, indique Richard Jones dans Heavyliftpfi, mais elle sera plus lente et n’atteindra pas les pics d’activité que nous avons connus préalablement ». Difficile de se faire une idée de ce que sera 2018. D’autant plus que pessimistes et optimistes se partagent le terrain. Certains ne voient pas un retour à la normale de ce marché avant plusieurs années et surtout, selon Kevin Stephens de Project Professionals Group, « le monde du colis lourd devra revoir son modèle économique ». À l’inverse, d’autres préfèrent regarder le verre à moitié plein. « Une lumière se fait jour au bout du tunnel et je suis sûr que ce n’est pas un train qui arrive en sens inverse. Le dernier trimestre de 2017 confirme la tendance à une nouvelle croissance », indique le directeur général de EMS Chartering, Ingo Hesse. Une opinion que le directeur d’Esprit Korea, opérateur spécialisé en colis lourd basé en Corée, HG Jung, confirme. « Avec un retour à des taux de fret plus élevés dans de nombreux secteurs du transport maritime, comme le vrac sec, nous pouvons espérer de voir un effet positif du marché des colis lourds dès 2018, voire un retour à un taux d’utilisation des navires de 85 % dès 2020. » Fantasme ou vœux pieux, nul ne le sait mais l’avenir le dira. Un des éléments de réponse pourrait se trouver avec la résorption de la crise dans le marché des vracs secs. Un certain nombre d’opérateurs dans ce secteur ont décidé de se tourner vers le marché conventionnel dès lors que les taux de fret des vracs secs ont chuté. Or, avec la reprise de l’économie et une demande qui devrait repartir à la hausse sur les principaux vracs secs, l’équilibre entre l’offre et la demande pourrait ainsi se stabiliser et donc résorber en partie une surcapacité dans ce secteur. Il en a été de même des opérateurs conteneurisés et rouliers. En se dotant de capacité de levage sur leurs navires, les armements conteneurs et rouliers sont venus grignoter des parts de marché aux opérateurs traditionnels. Si la demande destinée à ces opérateurs devait progresser, alors le marché des armements spécialisés dans le colis lourd pourrait voir ses marges s’améliorer.
D’une nouvelle vague de consolidation
En attendant de voir cette reprise économique de la filière devenir une réalité, les analystes restent aujourd’hui certains d’une nouvelle vague de consolidation des armements. Le retour pas à pas de la croissance sera l’occasion de mettre en place de nouvelles alliances entre les différents opérateurs, qu’il s’agisse de coentreprises, de rachats mais aussi de faillites. Dans cette filière tout comme dans les autres secteurs du transport maritime, ce sont les investissements informatiques qui vont être la donnée essentielle de demain. « Toute société qui n’investit pas dans l’informatique est vouée à disparaître, encore plus dans le secteur des colis lourds », a déclaré Peter H. J. Bouwhuis, directeur général de Xellz.