Les travaux ont été entamés il y a un an. Sur le chantier, la vue est saisissante: au premier plan, un énorme trou béant, protégé de la mer par une digue temporaire. Ce sont les fondations du futur quai, prolongement du quai de Flandre prévu pour pouvoir accueillir simultanément deux porte-conteneurs géants megamax. À l’arrière-plan, l’actuel terminal à conteneurs du port de Dunkerque, où le CMA-CGM-Antoine-de-Saint-Exupéry, plus gros porte-conteneurs battant pavillon français, fait son escale inaugurale en ce début mars. Avec les 500 m de quais supplémentaires, dont les travaux s’achèveront fin 2018, le port de Dunkerque ambitionne de développer encore les trafics de conteneurs, qui ont déjà presque doublé depuis 2010 pour atteindre 375 000 EVP en 2017. Au total, le port aura la capacité de traiter 900 000 EVP chaque année.
« Fin 2018, nous aurons un terminal moderne, complet, avec 1 800 m de linéaire de quai capable d’accueillir les plus grands navires et de leur proposer un branchement électrique », indique le directeur général du port, Stéphane Raison, qui précise Dunkerque sera « le seul port européen, avec Rotterdam, à disposer de plus de 16,5 m de tirant d’eau à toute heure de la marée. » Le tirant d’eau atteindra même 18 m pour les 1 000 premier mètres de quai. Pour cela, le dragage du bassin de l’Atlantique aura lieu à partir de l’été 2018, avec l’extraction de 4 millions de m2 de sable, utilisé pour l’aménagement de plate-formes logistiques du port et pour lutter contre l’érosion marine sur la côte.
C’est par la construction du quai lui-même qu’ont débuté les travaux, en février 2017. Une digue temporaire a d’abord été mise en place, pour travailler à l’abri de la mer. La nature du sol, sablonneux, a obligé les constructeurs, un groupement comprenant Bouygues, Colas et Spie, à recourir à des techniques innovantes, avec l’utilisation tous les 2 m de pieux d’acier enfoncés à 40 m de profondeur. Ces 205 pieux sont reliés par des palplanches et couronnés par un mur de quai en béton de 9 m de haut. À l’arrière du quai, sous le futur terre-plein de 3,5 ha, une autres rangée de pieux a été battue, reliée à la première par des tirants pour éviter que le quai ne bascule sous les charges qu’il recevra. Entre ces deux pieux de structure du quai, une troisième rangée de pieux, en béton, soutiendra le rail du portique.
Les trois portiques super over panamax déjà exploités au terminal du quai de Flandres seront en effet complétés en mai 2018 par l’arrivée d’un nouveau portique pesant 1 700 t et pouvant traiter des navires de 25 rangées de conteneurs, avec 61 m sous spreader. D’autres portiques pourraient rejoindre le port de Dunkerque à l’avenir, car de l’espace est encore disponible pour un éventuel nouveau prolongement du quai de Flandre et du bassin de l’Atlantique.