L’union fait la force. Les Ceser (Conseil économique, social, environnemental et régional) de Normandie, d’Île-de-France et des Hauts-de-France viennent de se rapprocher sur les dossiers de l’axe Seine et du canal Seine Nord-Europe. L’objectif est non seulement d’identifier les conditions de réussite de ces deux grands projets mais également de promouvoir la solution maritime et fluviale pour ces deux axes qui sont complémentaires, selon les Ceser. Cette complémentarité est encore à bâtir mais, d’ores et déjà, dans un texte commun adopté par les trois assemblées les 16 et 21 novembre, les Ceser proposent des actions pour optimiser le développement du transport de fret fluvio-maritime à l’échelle des trois régions afin de permettre de gagner des parts de marché dans le domaine du transport et de la logistique.
« En matière fluviale, par exemple, l’Oise est navigable mais pas par toutes les barges. C’est le projet Mageo qui permettra de compléter le maillon manquant entre la Seine et l’Oise. Le fait de concrétiser toutes les infrastructures nécessaires comme la modernisation des écluses, la réalisation d’une chatière à Port 2000 et de finaliser également tout ce qui a été évoqué dans le plan interrégional État-Région est pour nous quelque chose d’essentiel… », confie Jean-Luc Léger, le président du Ceser Normandie. Le responsable ajoute que les Ceser ont l’intention d’aborder les choses de manière très concrètes. La complémentarité des régions concernées mais aussi des infrastructures qui vont être mises en place semble également être un atout. « Les Hauts-de-France ont été très demandeurs sur cette initiative. Ils se sentaient jusque-là un peu isolés notamment vis-à-vis d’un grand port comme Le Havre. Il est également très important que l’Île-de-France soit dans le débat. Il faut décloisonner les choses. Nous avons travaillé sur le fait que nous sommes à la fois concurrents et partenaires. Nous connaissons nos forces mais aussi nos faiblesses. Des coopérations peuvent naître. De manière plus générale, le développement économique ne doit pas se faire port par port mais collectivement au contraire… Sur d’autres dossiers comme le Brexit, par exemple, les ports de pêches normands et ceux des Hauts-de-France sont tous concernés. Idem pour les dossiers sur le transmanche », estime Jean-Luc Léger.
Dans leur texte commun, les représentants de la société civile des Hauts-de-France, d’Île-de-France et de Normandie veulent également attirer l’attention sur les conséquences pour la France et ses régions d’une éventuelle remise en cause du projet canal Seine Europe. Les trois Ceser estiment qu’il est « indispensable de dépasser les antagonismes régionaux ». Ils prônent aussi une coopération entre acteurs publics et privés par axe et à l’échelle des deux axes. Une meilleure prise en considération des clients qu’ils soient chargeurs, logisticiens, transporteurs ou collectivités publiques est indispensable à leurs yeux. La préoccupation environnementale représente également selon les Ceser un potentiel d’attractivité à approfondir. Ils veulent tenir compte du volet social qui concourt pleinement, selon eux, à la compétitivité. « Toute démarche de dumping social est donc à proscrire… ».
Parmi les actions préconisées, outre la concrétisation des travaux d’infrastructures, les Ceser souhaitent que les trois présidents des régions concernées puissent se rencontrer pour élaborer une stratégie commune. Ils souhaitent aussi que soit mis en place une gouvernance spécifique à chaque axe s’inspirant du modèle défini dans le cadre du développement de la vallée de la Seine avec une délégation interministérielle dédiée.