Le plan, qui a été présenté à Bilbao, le 9 novembre 2017, par Asier Atutxa, le président de l’APB, table sur une croissance moyenne du trafic de 2,7 % d’ici 2022. À cette date, celui-ci s’établirait à 37,4 Mt contre 33,8 Mt attendues en 2017 et 32 Mt en 2016. Les conteneurs (+ 4,1 %), les vracs secs (+ 4,2 %) et le conventionnel (+ 4,7 %) seraient les moteurs de cette progression, alors que les vracs liquides, essentiellement les hydrocarbures liés principalement à l’activité de la raffinerie de Petronor, représenteront encore la moitié du trafic en 2022 (19,5 Mt, 52 %).
L’axe atlantique, depuis le Portugal jusqu’à la Russie, demeure avec 45 % du trafic en 2016 la priorité du port. Le Royaume-Uni est le premier client du port (17 % des exportations en 2016) mais le Brexit n’effraie pas les Basques. « Les crises génèrent de nouvelles opportunités qu’il faut savoir saisir », a indiqué Arantxa Tapia, la conseillère en charge du développement économique et des infrastructures du gouvernement régional basque, présente lors de l’événement.
Le port souhaite tirer parti de la croissance attendue du commerce avec le Canada en raison de l’entrée en vigueur du Ceta et lorgne du côté de l’Asie. La prise de contrôle du terminal de conteneurs du port par le chinois Cosco « va permettre un saut qualitatif », selon le président du port. Au sein de la communauté portuaire, on table sur une amélioration des liaisons avec l’Asie. En conteneurs, Bilbao ne fait pratiquement pas de transbordement et se concentre donc sur l’import-export (0,6 MEVP, 3e port espagnol sur ce segment).
Élargir l’hinterland
L’APB souhaite consolider l’hinterland traditionnel du port (Euskadi, Navarre, La Rioja, Cantabrie et provinces de Burgos et Palencia en Castille) mais aussi l’élargir. « Nous avons un œil sur la Méditerranée et, dans le conteneur, nous sommes en concurrence avec Barcelone et Valence », a déclaré Asier Atutxa. Le développement des ports secs et la multimodalité sont les outils-clés. Début novembre, le premier train a roulé entre le port sec de Pancorbo en Castille et le port de Bilbao. La plateforme d’Arasur près de Vitoria est l’autre port sec du port.
Le développement du ferroviaire est un élément-clé de la stratégie. Asier Atutxa a rappelé l’existence de 14 départs/jour. La Variante sud ferroviaire (VSF) doit permettre de créer un nouvel accès ferroviaire dédié au fret. Les travaux de la 1re phase doivent être lancés en 2019. La « Y basque » (LGV avec accès fret) devrait être opérationnelle en 2023 et la connexion UIC frontière française en 2019. La part du ferroviaire dans les pré et post-acheminements de conteneurs devrait atteindre 25 % en 2022.
Augmenter les capacités
Le taux d’utilisation de la capacité du port est de 83 % actuellement, d’où l’importance du projet de l’Espigón Central, dont la 1re phase, opérationnelle en 2020, devrait permettre d’offrir 33 ha et plus de 1 km de ligne de quai supplémentaires. Par ailleurs, l’APB table sur une poursuite de la baisse des droits portuaires, représentant une économie pour les utilisateurs de 5,6 M€ d’ici 2022. Celle-ci concernera surtout le droit sur les marchandises (T3) et les bonifications des trafics stratégiques.
L’APB peut mettre en pratique de telles réductions car sa situation financière est bonne. Le ratio dette bancaire nette/Ebitda a atteint 0,4 en 2016 et se situera à 2 en 2022. Asier Atutxa a affirmé que le port était au service des clients et de l’économie basque: les gains seront transférés aux utilisateurs dans la limite du respect d’un taux de rentabilité sur actif de 0,75 %. En définitive, il s’agit de faire en sorte que le port soit « centré sur les clients » et à même d’offrir des solutions sur mesure.
Un document bien accueilli par la communauté portuaire
« Le plan stratégique synthétise le pari de la communauté portuaire pour la croissance soutenue du port comme moteur de l’économie régionale industrialisée », affirme Jaber Bringas, président d’Uniport, l’association qui rassemble les acteurs publics et privés du port de Bilbao. Il souligne « l’orientation vers le client » qui est celui qui traduit en définitive les demandes du marché.
Uniport relève également la mise en exploitation de nouveaux sols portuaires. Ceux-ci devraient permettre l’implantation « d’industries de tout type, qui contribuent au développement économique régional et partant de l’activité du secteur logistique portuaire de Bilbao ».