Le président brésilien Michel Temer a signé, le 10 mai, un décret visant à assouplir le fonctionnement des ports du pays. Les contrats de concession conclus après 1993 pourront désormais s’étendre sur 35 ans (contre 25 ans actuellement) et être renouvelés facilement, pour une durée de 70 ans maximum. Les procédures d’autorisations préalables pour les nouveaux terminaux seront facilitées. « La procédure aujourd’hui demande trois ans pour autoriser un nouvel investissement. Avec ce décret, nous espérons que ce délai tombera à 180 jours », déclare le ministre des Transports, des Ports et de l’Aviation civile, Maurício Quintela. Les démarches pour les extensions supérieures à 25 %, dans le cas de terminaux localisés en dehors d’un port organisé, seront également simplifiées. D’après le gouvernement, ces dispositions généreront 25 milliards de réals (7,2 Md€) d’investissements destinés à étendre et moderniser les infrastructures portuaires dans les quatre prochaines années.
Ce décret, qui garantit un cadre législatif jugé plus rassurant et efficace par les acteurs du secteur, est un signal fort. Les principales associations concernées – l’ABTP (Association brésilienne des terminaux portuaires), l’Abratec (Association brésilienne des terminaux de conteneurs d’usage public), l’ABTL (Association brésilienne des terminaux liquides), l’Abtra (Association brésilienne des terminaux et des dépôts des douanes) et l’ATP (Association des terminaux portuaires privés) — se réjouissent, car elles ont suggéré la plupart de ces changements. « Pour nous [les représentants du secteur portuaire], c’est un soulagement que d’être entendus, parce que cela fait suffisamment de temps que nous n’arrivons pas à être écoutés par le gouvernement », estime Patrícia Lascosque, présidente du conseil directeur de l’ATP. Pour Sérgio Aquino, président de la Fédération nationale des opérateurs portuaires (Fenop), ce décret va réduire le déséquilibre existant entre les complexes privés et publics, en rendant ces derniers plus compétitifs.
Une seconde phase est d’ores et déjà prévue afin d’augmenter l’autonomie des administrations portuaires publiques, les Companhias docas, et diminuer les aspects bureaucratiques. Ces prochaines modifications pourraient conduire à ce que les Companhias docas soient responsables des appels d’offres concernant leurs terminaux, alors que ces tâches incombent aujourd’hui à l’Antaq (Association nationale des transports par voie d’eau). Les conseillers du président brésilien Michel Temer ont annoncé que le port de Vitória et son administration, la Codesa (Companhia Docas do Espírito Santo), serviraient d’expérience pilote, et ce d’ici à la fin de l’année 2018. Concession ou privatisation totale font partie des modes de gestion évoqués. Mais l’expérimentation ne sera pas forcément calquée dans les autres ports publics: chaque situation et chaque port seront étudiés au cas par cas, assure le gouvernement brésilien.