Journal de la Marine Marchande (JMM): Relancer, améliorer cela veut dire quoi dans votre esprit?
Pietro Spirito (P.S.): Chaque port a ses spécificités. Naples, par exemple, a un réseau ferroviaire intérieur relié au réseau national, contrairement à Salerne. L’une des grandes faiblesses des deux ports concerne les zones de stockage pour Salerne et l’harmonisation des régimes de concessions à Naples. Nous avons engagé des discussions avec les opérateurs portuaires napolitains pour brosser un bilan sérieux des besoins, des infrastructures et de leur état afin de réfléchir à un plan de développement durable. Nous devons mettre toutes les chances de notre côté et profiter des avantages de la réforme, comme le regroupement des ports, pour planter notre griffe dans le système portuaire italien et participer à la relance générale d’un secteur important pour l’économie italienne.
JMM: Quelles sont vos priorités pour redonner une bouffée d’oxygène à l’économie portuaire napolitaine?
P.S.: Les passagers et le trafic de conteneurs sont les deux mamelles du port de Naples. Chaque année, 6,5 millions de passagers transitent dans le port, dont plus 1,5 million de croisiéristes. Un chiffre énorme qui génère automatiquement des retombées économiques sur le port. Il faut donc développer ce secteur. Au chapitre des marchandises, le trafic de conteneurs est l’un des secteurs clés du port car il représente 25 % du trafic portuaire. La partie pétrolière est également importante car elle permet de desservir toute la région et de développer l’économie locale dans les zones de stockage. Le manque de direction et donc de décisions ont durement pénalisé les activités portuaires. Il faut repartir quasiment à zéro et lancer une opération de modernisation et de remise en ordre du système portuaire napolitain.
JMM: Quels types d’interventions envisagez-vous pour en finir avec l’immobilisme qui pénalise la relance de ces secteurs clés et de toute l’économie portuaire en rebond?
P.S.: En premier lieu, il faut penser à la partie commerciale avec les conteneurs puis les marchandises. Cela veut dire draguer les fonds marins à une profondeur de 15 m pour permettre aux navires d’une capacité de 10 000 EVP et 14 000 EVP de transiter dans le port. Et puis, la région a un arrière-pays industriel très important et nous devons resserrer les liens entre l’industrie et le port. D’où la nécessité de cibler certaines catégories et certaines interventions. Au chapitre des passagers, par exemple, la gare maritime croisières, construite sous le fascisme dans les années 1930, est parfaite. En revanche, il y a un vide au niveau de l’accueil des passagers qui partent en direction des îles du golfe de Naples. Il faut construire un terminal pour combler le fossé. L’Union européenne nous a signé un chèque de 200 M€ dont 130 M€ pour Naples et 70 M€ pour Salerne. Nous allons commencer par le dragage, puis le fer. Je réfléchis aussi au plan de remise en ordre de la partie chantiers qui n’a pas été retoquée depuis 2001.