Le 2 juin, le conseil des ministres espagnol a approuvé un important accord au terme duquel il délègue au gouvernement régional basque la maîtrise d’ouvrage et l’essentiel du financement de la première étape d’une connexion ferroviaire dédiée au fret entre le port de Bilbao et le réseau espagnol. Cette « variante sud ferroviaire » (VSF) devrait disposer d’un écartement UIC. Actuellement, les convois utilisent la ligne des trains de banlieue, qui longe la rive gauche de l’estuaire du fleuve Nervión, et provoquent des nuisances dénoncées régulièrement par la population et les élus.
Déduction du « cupo »
Le projet a longtemps été bloqué faute de financement. La solution trouvée a consisté à déduire le coût du projet du « cupo », le montant versé chaque année à l’État par le gouvernement basque pour les dépenses publiques non assumées par la région (défense, relations extérieures, etc.). Le Pays basque espagnol dispose en effet d’un statut fiscal original selon lequel ce sont les « diputaciones » basques, équivalent des conseils départementaux, qui prélèvent directement l’impôt. L’accord a été obtenu dans le cadre de la négociation politique entre le Parti nationaliste basque, qui contrôle le gouvernement régional, et le Parti populaire, qui ne dispose pas de la majorité absolue, afin d’assurer le vote du budget 2017 et la réforme de la manutention portuaire.
Le calendrier prévoit la réalisation des études de la première étape (entre le port et Olabeaga) en 2018-2019, et un début des travaux en 2020 pour un achèvement prévu en 2022, soit une enveloppe de 461 M€. Les études de la phase 2 (3 M€), entre Barakaldo et Basauri, devraient débuter en 2018. L’Adif, l’organisme espagnol en charge du réseau et des gares, apportera 85 M€.
Le déblocage de la VSF est d’autant plus important que le trafic ferroviaire du port est en expansion: + 20 % en termes de marchandises et + 9 % pour les trains (4 600) en 2016. Le poids du ferroviaire dans les pré et post-acheminements des conteneurs a été de 21 % l’année dernière, un ratio élevé dans le système portuaire espagnol. Selon les prévisions, le nombre de trains pourrait quasiment doubler (8 000) avec la mise en route de la VSF.
Travaux de la « Y basque »
Autre élément important: les travaux de la « Y basque », la liaison TGV entre les trois capitales des provinces basques (Bilbao, Saint-Sébastien et Vitoria), se poursuivent. Le gouvernement régional basque, qui a la maîtrise d’ouvrage dans la partie correspondant à la province de Guipúzcoa, espère que les trains pourront rouler en 2023. La Y basque permettra la circulation des trains de fret et aura un écartement UIC.
Mieux encore, ce nouveau réseau sera prolongé jusqu’à la frontière française. En février, les travaux d’installation d’un troisième rail sur la ligne entre Astigarraga, près de Saint-Sébastien, et Irún, ont démarré. Enfin, selon la presse locale basque, le gouvernement régional devrait bientôt lancer les études pour la construction de la station intermodale de Lezo, qui jouxtera le port de Pasajes et dont le coût est estimé à 155 M€. Celle-ci devrait être utilisée principalement pour le trafic conventionnel (automobiles et produits sidérurgiques notamment).