Après l’important pic de pollution et de smog qui a frappé Pékin en fin d’année dernière, les autorités chinoises ont décidé de frapper fort. Elles envisagent de restreindre l’activité de certaines industries ainsi que celle des ports dans les municipalités de Pékin et Tianjin, et dans les provinces du Hebei, du Shandong, du Shanxi et du Henan. Il serait ainsi demandé aux aciéries et aux usines d’engrais de réduire leur production de 50 % entre la fin novembre et la fin février, et de 30 % à celles d’aluminium. Ce qui affecterait le port de Tianjin qui se verrait en outre interdit dès juillet de stocker du charbon et de le réceptionner par camion. Puis, à compter de septembre, les ports de la province voisine du Hebei se verraient à leur tour interdir d’utiliser des camions pour transporter le charbon des gares jusqu’à leurs quais de chargement. C’est ce qui ressort d’un document de travail transmis par le ministère de la Protection environnementale aux autorités régionales et à certains acteurs économiques, document qui a fuité dans la presse en février.
Épée de Damoclès
C’est donc une véritable épée de Damoclès qui est suspendue au-dessus du port de Tianjin par où transitent chaque année environ 100 Mt de charbon provenant pour une large part de Mongolie intérieure. En 2016, 4,06 Mt ont été exportées, deux fois plus que l’année précédente, essentiellement vers la Corée du Sud et le Japon. Le reste part à destination de centrales électriques du sud de la Chine. Si les mesures proposées sont adoptées, une grande partie des chargements de charbon serait alors déviée de la route vers le rail pour prendre la direction du port de Tangshan, 130 km plus au nord. Actuellement quatrième port du pays, il pourrait ainsi ravir la troisième place à celui Tianjin qui, selon certains analystes, pourrait en 2017 voir transiter 43 Mt de charbon en moins pour un manque à gagner de près de 60 M$. La direction du port de Tianjin n’a toutefois pas dit son dernier mot, ayant demandé l’autorisation de créer de nouvelles lignes ferroviaires et ayant engagé des discussions avec des ports du Hebei pour conclure des partenariats.
Il n’est pas non plus certain que ces propositions drastiques deviennent toutes effectives. Nul doute qu’elles vont rencontrer de vives oppositions au niveau régional et devenir l’objet de négociations serrées. Leur fuite dans la presse en est la preuve, et il n’est pas interdit de penser qu’elle a été orchestrée par les autorités centrales afin d’utiliser le soutien populaire dont bénéficie la lutte contre la pollution comme moyen de pression.