Le port de Mariel, qui peut déjà recevoir 800 000 conteneurs, en traitera à terme trois millions. Le terminal portuaire est cubain, mais géré par PSA International de Singapour. Les investissements continuent à un rythme soutenu sur l’ensemble du site, à raison de 300 M$ par an. Déjà, 700 m de quai ont été aménagés, qui passeront ensuite à 2 400 m. La souille est actuellement de 14,3 m de profondeur et sera encore creusée pour atteindre 17,9 m, ceci afin de pouvoir recevoir des navires jusqu’à 366 m de long.
Cependant, les 465 km2 de la Zdem (zone de développement spécial Mariel) qui entoure le port ne se remplissent pas au rythme qu’avaient envisagé les autorités cubaines. Vingt-quatre projets ont déjà été validés. Ils représentent des investissements globaux de près de 1 Md$. Des dizaines d’autres sont à l’étude. L’un des derniers à avoir reçu l’approbation de Cuba est un projet du géant suisse Nestlé, avec une usine de café et biscuits pour 50 M$ à 60 M$. Selon les dirigeants de la zone, quelque 300 autres propositions sont également à l’étude, représentant 9,5 Md$ d’investissements. Mais, malgré les facilités accordées par Cuba en matière de régimes et de tarifs spéciaux, la multiplication des accords douaniers avec près d’une vingtaine de pays, les firmes étrangères restent frileuses et leurs investissements ne sont pas à la hauteur des espérances des gouvernants de l’île.
Quid des états-unis?
Le principal frein aux investissements est l’incertitude qui demeure quant à l’attitude des États-Unis et l’évolution des relations commerciales entre les deux pays. En effet, Mariel souhaite devenir le principal hub des Caraïbes, une charnière entre l’Asie, via le canal de Panama, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Et cela ne peut se faire qu’avec une normalisation des relations avec le grand voisin. Mais si ce dernier continue de lui fermer ses portes, l’installation d’usines et autres projets industriels dans la zone de développement spécial perd beaucoup de son sens.
Les premiers signes qu’a donnés l’administration Trump ne permettent guère l’optimisme. Donald Trump lui-même considère que Cuba n’a fait « aucune concession » dans le processus de normalisation des relations bilatérales engagé par Barack Obama. Et il a annoncé que les accords passés avec Cuba lors de la présidence d’Obama feront l’objet d’une évaluation. Signe des temps, Rick Scott, gouverneur de Floride et proche de Donald Trump, a annoncé qu’il cesserait d’apporter des fonds aux ports de Floride qui mettraient en place des relations commerciales, financières ou économiques avec Mariel.